d’après ALGUES VERTES, L’HISTOIRE INTERDITE D’INÈS LÉRAUD et PIERRE VAN HOVE

Difficile Jurnalisme d’investigation en Bretagne.

par Roberto Tirapelle

Synopsis

À la suite de morts suspectes, Inès Léraud, jeune journaliste, décide de s’installer en Bretagne pour enquêter sur le phénomène des algues vertes. À travers ses rencontres, elle découvre la fabrique du silence qui entoure ce désastre écologique et social. Face aux pressions, parviendra-t-elle à faire triompher la vérité?

Il existe un genre cinématographique appelé “journalisme d’investigation” qui compte de nombreux films à son actif, de “Barrière invisible” (1947) à “L’affaire Spotlight” (2015), tous très réussis, constellés de grands acteurs et d’Oscars. C’est aujourd’hui le cas de “Les Alghes vertes” de Pierre Jolivet.

L’enquêteuse Inès Léraud en avait fait une bande dessinée à succès, avec Pierre van Hove, “Les algues vertes, l’histoire interdite” (2019). Formée à la Fémis et à l’Ecole Louis-Lumière, elle a pu en faire un documentaire. Il préfère plutôt confier à Pierre Jolivet le soin de transformer son histoire en fiction. L’enquête d’Inès Léraud se heurte à la loi du silence des agriculteurs intensifs et aux pressions de plus en plus menaçantes des producteurs agroalimentaires.

Pierre Jolivet, septuagénaire réalisateur aux 18 films derrière lui, qui a présenté à Cannes en 2005 dans Un Certain regard « Zim et Cie ». et a remporté le Golden Goblet Award du meilleur long métrage en 2015 avec “The Night Watchman”, il a réalisé un film sobre, incisif et plein de détails. Aidée par une actrice comme Céline Sallette, à la hauteur de son rôle, prudente mais têtue, qui continue même quand les éditeurs la négligent, de façon héroïque. Une interprétation persuasive, sobre dans ses nuances, qui tente de concilier les problèmes avec son amie, Nina Meurisse, une jeune comédienne très douce qui l’accompagne au fil des années en Bretagne.

Quelques réponses dePierre Jolivet:

Comment s’est passé le passage du roman graphique au film?

“Ce qui m’intéressait, c’était aussi tout ce qui se passe derrière la BD, ce qu’elle ne montre pas, c’est-à-dire les conditions de fabrication de cette information, les coulisses. Dans la propre histoire d’Inès, il y a un vrai tournant au moment du décès de Jean-René Auffray, ce joggeur que l’on retrouve mort dans une vasière remplie d’algues vertes, dans la baie de Saint-Brieuc en septembre 2016. A ce moment-là, son travail prend une autre dimension, elle tente de devenir lanceuse d’alerte sur une affaire en cours. De spectatrice, elle devient actrice, elle peut influer sur la réalité. Et c’est ça qui m’a offert la charpente possible d’un récit cinématographique. Mais je sais qu’au départ, Inès était plutôt circonspecte par rapport à cette idée : en tant que journaliste d’investigation, elle a du mal à se voir comme l’héroïne d’un film.”

À propos du casting:

“Je connaissais Céline Sallette depuis longtemps, mais je venais de la revoir dans la série Infinity, dans laquelle je l’avais trouvée formidable. J’adore sa présence, la façon dont elle occupe l’espace avec son corps. Cela m’a donné très envie de la filmer. Par chance, elle a tout de suite accroché au scénario, et la rencontre avec Inès s’est très bien passée. Je n’avais pas l’obsession d’une ressemblance absolue, mais il se trouve
qu’Inès et Céline n’ont qu’un an d’écart, et qu’elles font sensiblement la même taille – certains des vêtements que porte Céline dans le film sont d’ailleurs ceux d’Inès ! Elles ont aussi en commun de combiner élégance et autorité. C’est ce qui me plaît beaucoup dans l’incarnation de Céline : elle garde une vraie finesse dans sa posture de combattante. C’est très rare de parvenir à manier une telle fermeté avec cette fluidité du corps, ce côté aérien et agile qui la caractérise.”

E le tournage?

“Il faut dire ce qui est : le tournage a été un vrai parcours du combattant. Inès a été très précieuse sur le tournage, elle était beaucoup plus que notre conseillère technique. Elle était comme un « passeport », étant donné qu’elle est très respectée par tous ceux avec qui elle a travaillé. Pour elle, c’était assez étrange: tourner dans la vraie maison où elle a vécu avec sa compagne, avec de vrais dialogues qu’elles ont pu avoir… Plein de fois, elle m’a raconté que c’était une expérience très particulière.”

(du dossier de presse)

(Inès Léraud, cr ph Vincent Gouriou)

À PROPOS DE INÈS LÉRAUD
Inès Léraud a grandi dans le Maine-et-Loire. Installée comme journaliste d’investigation indépendante à Paris, elle vient en centre-Bretagne en 2015 pour quelques mois et n’en repart finalement jamais. Devenir «locale» lui a été nécessaire pour s’immerger, discuter avec les témoins, gagner leur confiance et voir la parole se libérer sur un sujet tabou en Bretagne : le poids de l’industrie agroalimentaire dans le quotidien des gens. En 2019 elle publie avec Pierre Van Hove «Algues vertes, l’histoire interdite» aux éditions La Revue dessinée – Delcourt, qui remporte 6 prix dont le grand prix du journalisme et le prix de la BD bretonne.
En 2021, elle co-fonde le média d’investigation indépendant Splann ! Avec de nombreux confrères et consœurs travaillant en Bretagne.

Le phénomène des algues vertes
Les algues vertes sont naturelles et présentes sur de nombreux littoraux à travers le monde. Elles ne représentent aucun danger pour la santé lorsqu’elles sont en mer ou déposées depuis peu, en faible épaisseur, sur la plage. En revanche, en cas d’accumulation importante, leur décomposition au soleil produit des gaz dangereux pour l’humain comme pour l’animal, notamment l’hydrogène sulfuré (H2S) qui peut tuer aussi rapidement que du cyanure. Le phénomène des « marées vertes » est apparu en Bretagne, dans les années 1960. D’abord restreintes à quelques lieux en Côtes-d’Armor, ces proliférations se sont peu à peu amplifiées et multipliées. Elles sont devenues plus intenses et plus longues, gagnant une part croissante du littoral breton. Ce développement est la conséquence, en Bretagne, de l’industrie agroalimentaire et notamment des rejets de nitrates provenant de l’élevage intensif.

Sources : Agence Régionale de Santé Bretagne, Observatoire de l’environnement en Bretagne, Algues Vertes L’histoire Interdite d’Inès Léraud et Pierre Van Hove.

Les algues vertes un film de Pierre Jolivet

Liste artistique: Inès Céline SALLETTE – Judith Nina MEURISSE – Rosy Auffray Julie FERRIER – André Ollivro Pasquale d’INCA – Morgan Clémentine POIDATZ – Député Jonathan LAMBERT – Pierre Philippe Adrien JOLIVET – Rolande Françoise COMACLE – Igor Eric COMBERNOUS

VF – 1h50
Haut et Court Distribution – France 3 Cinéma – Panache Productions – La Cie Cinématographique

AU CINÉMA LE 12 JUILLET – Cr. Ph. Haut et Court