FESTIVAL DE CANNES – PRIX DE LA MISE EN SCÈNE 2023

L’art de la cuisine française: gourmandises, raffinements, décors, costumes. Un monde photographié en plans séquences. Binoche et Magimel deux interprètes du XIXe siècle.

SYNOPSIS

Eugénie, cuisinière hors pair, est depuis 20 ans au service du célèbre gastronome Dodin.
Au fil du temps, de la pratique de la gastronomie et de l’admiration réciproque est née une relation amoureuse. De cette union naissent des plats tous plus savoureux et délicats les uns que les autres qui vont jusqu’à émerveiller les plus grands de ce monde. Pourtant, Eugénie, avide de liberté, n’a jamais voulu se marier avec Dodin. Ce dernier décide alors de faire quelque chose qu’il n’a encore jamais fait : cuisiner pour elle.

par Roberto Tirapelle

(Benoit Magimel et Juliette Binoche, cr ph. Stéphanie Branchu, Gaumont, Curiosa Films)

La passion de Dodin Bouffant marque le beau retour de TRÀN ANH HÙNG, célèbre réalisateur et scénariste vietnamien d’origine française, non seulement au cinéma mais aussi au Festival de Cannes où il remporte au fil du temps la Caméra d’Or en 1993 avec L’ Odeur de la papaye verte (Un certain regard) et en 2000 il présente A la verticale de l’été (Un certain regard). Mais il a aussi remporté un Lion d’Or à Venise avec Cyclo. Peu de films à son actif mais tous très intenses qui impliquent toujours des valeurs sensorielles et esthétiques.

La passion de Dodin Bouffant, en compétition à Cannes cette année et récompensé par la Mise En Scène, renouvelle également les aspects perspicaces que nous avions anticipés. Cependant, étant donné le genre gastronomique, les niveaux narratifs sont plus stratifiés : la philosophie des personnages, elle est cuisinière, lui est gastronome, une histoire professionnelle qui voudrait se transformer en sens amoureux, une table de cuisine bondée de temps en temps. avec des plats délicieux, tous issus de recettes du XVIIIe siècle et du XIXe siècle, une mise en place très raffinée, un décor extraordinaire.

Les deux comédiens Juliette BINOCHE, Benoît MAGIMEL n’ont certes pas besoin de paroles flatteuses et sont caressés par la caméra d’une manière qui en fait deux figures parfaitement inscrites dans le siècle de l’histoire. Autour d’eux se trouve un charmant groupe d’amis qui dégustent le banquet de Bouffant et discutent d’histoires culinaires, célèbrent les vins qui enrichissent le goût, se souviennent du temps des papes d’Avignon, citent Marie Antoine Carême, la sommité de la haute cuisine, et se souviennent d‘Auguste. Escoffier, un autre génie culinaire.

Pratiquement dans le film il y a trois moments importants dans la préparation des menus : quand Eugénie/Binoche prépare le banquet pour les invités avec la collaboration de Bouffant ; le moment où Dodin/Magimel prépare un dîner rien que pour Eugénie ; la préparation visuelle d’un menu pour la recherche d’un nouveau chef.

L’utilisation cinématographique d’une seule caméra avec laquelle TRÀN ANH HÙNG enveloppe les personnages, les environnements et les plats. Le réalisateur lui-même l’illustre dans une déclaration: “J’aime déterminer des déplacements des personnages et de la caméra qui permettent de créer un flux cinématographique intéressant et que, à l’intérieur de cet agencement, on puisse, dansle même plan, passer d’un plan très serré à un plan plus large, à un plan moyen, d’un moment en mouvement à un moment immobile, et ainsi de suite. Et tout cela, d’une manière musicale. C’était particulièrement difficile pour les comédiens sur ce film, parfois même crispant. Il fallait qu’hors champ, ils guettent sans cesse le bon moment pour entrer quand la caméra passe. C’étaient eux qui décidaient du rythme, j’étais entre leurs mains, j’ai eu beaucoup de chance d’avoir des acteurs aussi merveilleux.”

On pourrait parler du choix du groupe de merveilleux amis, ils ont tous leur signe distinctif : Emmanuel Salinger est le médecin et grand amateur de vins ; Patrick d’Assumçao est un bon humoriste et sert à détendre les autres ; Frédéric Fisbach est probablement réalisateur mais il assure la cohésion du groupe ; Jan Hammenecker le moins gentil.

Il faut qu’on parle de Pauline, cette merveilleuse petite Bonnie Chagneau-Ravoire, l’apprentie de Dodin. C’est un personnage important du film : il goûte et découvre tous les ingrédients d’un plat, une expérience de mastication extraordinaire. Cela deviendra une transmission de savoir et Dodin recherche un chef talentueux pour le perfectionner.

Un crédit extraordinaire à Tran Nu Yên Khê, directeur artistique et costumier. Selon le réalisateur: “Elle a un œil formidable et voit tout de suite ce qui va et ce qui ne va pas. Je l’apprécie totalement dans sa préparation. Mais je profite aussi du pendentif du tour qui se trouve sur le côté de mon derrière du combo. Elle a veillé à l’équilibre de tout ce que l’on peut trouver dans l’image.”

(séquence du film, cr ph Stéphanie Branchu, Gaumont, Curiosa Films )

La passion de Dodin BouffantSCÉNARIO, ADAPTATION ET DIALOGUES DE TRÀN ANH HÙNG

Date de sortie 8 novembre 2023 Drame . 135 min

Avec Juliette BINOCHE, Benoît MAGIMEL, Emmanuel SALINGER, Patrick D’ASSUMÇAO, Galatea BELLUGI, Jan HAMMENECKER, Pierre GAGNAIRE

Direction artistique TRAN NU YÊN KHÊ –

Décor TOMA BAQUÉNI
Costumes TRAN NU YÊN KHÊ

Direction Gastronomique PIERRE GAGNAIRE

Référent culinaire MICHEL NAVE

Produit par OLIVIER DELBOSC