Avec MOHAMMAD HOSSEINI, HAMIDEH JAFARI, BASHIR NIKZAD
FRANCE, IRAN, PAYS-BAS – 2024 – 95 MIN

par Roberto Tirapelle

Le premier long métrage des deux réalisateurs est un film très touchant, un regard cruel et peu discuté sur le monde des réfugiés. Casting local très intense.

SYNOPSIS: Iran années 2000 : dans l’ombre de l’invasion américaine, une famille élargie de réfugiés afghans tente de reconstruire sa vie dans « le pays des frères » . Une odyssée sur trois décennies où Mohammad, un jeune étudiant prometteur, Leila, une femme isolée et Qasem qui porte le poids du sacrifice pour sa famille, luttent pour survivre à ce nouveau quotidien incertain.

Alireza Ghasemi et Raha Amirfazli sont les deux réalisateurs qui ont réalisé “Au pays de mes frères”, leur premier long métrage, un récit douloureux, peu connu en Occident, sur les flux migratoires vers l’Iran après l’implantation américaine sur le sol afghan, où près de cinq millions de femmes et d’hommes ont fui les régimes tyranniques et la pauvreté.  Le film a déjà participé à d’innombrables festivals et a remporté plusieurs prix.

Raha Amirfazli, cinéaste iranienne diplômée de l’université d’art de Téhéran, a réalisé plusieurs courts métrages présentés à l’international, notamment Solar Eclipse. A travaillé comme rédactrice pour le magazine danois « Short Film Studies » et a également été rédactrice en chef du site « 24 Frames ».  Il poursuit actuellement son MFA en production cinématographique et télévisuelle à la Tisch School of the Arts de l’Université de New York.  Était nommée lauréate américaine de la Gold Fellowship for Women de l’Academy of Motion Picture Arts and Sciences en 2024. Raha travaille actuellement sur son deuxième long métrage.

Alireza Ghasemi, scénariste, réalisateur et producteur iranien, basé aujourd’hui à Paris, a suivi les résidences de création Cannes Cinéma de Demain (2018) et Berlinale Talents (2022). Ses courts métrages, – nommé pour la Palme d’Or au Festival de Cannes 2017 – ont reçu une reconnaissance internationale. Il développe actuellement son deuxième long métrage.

Le film est divisé en trois histoires entrelacées avec une grande maestria en 2001, 2010 et 2021.  En fait, comme l’explique Alireza Ghasemi:Le cas des réfugiés afghans a connu plusieurs périodes différentes qui ont entraîné plusieurs vagues, de la génération d’universitaires qui ont fui le pays pendant l’invasion russe, puis le régime des Talibans, puis l’armée américaine à celle d’enfants qui sont nés en Iran sans pouvoir en obtenir la nationalité.”   Les réalisateurs ont donc dû travailler sur le montage et la photographie pour préserver la continuité narrative et respecter les différents lieux et époques. Ghasemi confirme que:  “a été surtout un challenge pour notre directeur de la photo”. 


L’histoire est centrée sur trois sujets : un jeune étudiant franc-maçon, une femme de chambre et un couple de personnes âgées dont le fils a officiellement émigré en Turquie, et le récit est divisé en films de longueur moyenne de durée égale.  Chaque histoire est un témoignage de la manière dont l’État iranien entretient des relations de domination et d’oppression. Ces personnes sont soumises à des violences psychologiques, sociales et sexuelles.

Il est possible que le film sur le thème des exils soit un parallèle avec la situation actuelle des cinéastes expatriés. En fait, ceux qui restent sur place travaillent dans la clandestinité. Ghasemi précise: “Le cinéma iranien officiel aujourd’hui est un cinéma de propagande. »

La majeure partie du film a été tournée en Iran.  De plus, il était difficile de faire autrement car les réalisateurs vivaient encore à Téhéran et étaient au courant de la situation sur place. Mais vers la fin, le tournage du film est devenu difficile et le décor a dû être déplacé.

Le résultat est un film très sobre mais très cruel raconté avec une émotion maîtrisée, un regard qui n’abandonne pas la situation des réfugiés, vécus avec des mensonges pour leur survie. Et une maîtrise de la mise en scène qui témoigne que le cinéma iranien est toujours en bonne santé.

Acteurs

Le casting a été fait avec des acteurs non professionnels et afghans car selon les réalisateurs c’était important “que les Iraniens puissent continuer à parler de la condition des réfugiés afghans.” Cela a donné à ces réfugiés l’occasion de continuer à parler de leur vie en Iran. Ils pouvaient donc compter sur Hamideh Jafari, Mohammad Hosseini et Bashir Nikzad qui incarnaient Leila, Mohammed et Qasem.  Avec leurs performances, leurs corps, leur parcours, ils ont rempli leurs rôles.

“Au pays de nos frères”

Scénaristes : Alireza Ghasemi, Raha Amirfazli
Directeur de la photo : Farshad Mohammadi
Auteur de la musique : Frédéric Alvarez
Monteur : Hayedeh Safiyari
Ingénieurs du son : Hassan Shabankareh, Hossein Bashash
Costumes : Raha Dadkhah
Monteur son : Taco Drijfhout
Décors : Saeed Asadi, Hamed Aslani
Producteurs délégués : Adrien Barrouillet, Emma Binet, Charles Meresse
Producteurs étrangers : Frank Hoeve, Alireza Ghasemi, Raha Amirfazli

Récompenses:

Sundance Film Festival 2024, Compétition internationale long métrage dramatique,
PRIX DE LA MEILLEURE RÉALISATION (USA)
Festival International du Film de Saint-Jean-de-Luz 2024,
GRAND PRIX ET PRIX DE LA MEILLEURE INTERPRÉTATION FÉMININE (France)
34e Festival du Film d’Histoire de Pessac, Compétition Fiction, PRIX DU JURY PROFESSIONNEL (France)
Festival International du Film Politique de Carcassonne 2025, Compétition Fiction,
GRAND PRIX DU JURY FICTION et PRIX DU JURY MGALLERY (France)
HKAFF – Hong Kong Asana Film Festival 2024, MEILLEUR FILM DU JURY JEUNE (Chine)
Cyrus International Film Festival 2024, PRIX DE LA MISE EN SCÈNE (Canada)
Malaysia International Film Festival 2024, Compétition Internationale, PRIX DE LA MEILLEURE RÉALISATION (Malaisie)
Filmfest Sundsvall 2024, Compétition long métrage international, PRIX DU MEILLEUR FILM (Suède)

(cr ph JHR Films)