Festival de Cannes – Compétition. – Année de production : 2025 – Pays : France- Durée : 115 minutes -Date de sortie : 19.11.2025

(édité par Roberto Tirapelle)

Le dernier film de Dominik Moll traite de la justice policière française, un thème universel qui fait écho à l’actualité. Un film captivant porté par l’excellente Léa Drucker.

SYNOPSIS:  Le dossier 137 est en apparence une affaire de plus pour Stéphanie, enquêtrice à l’IGPN, la police des polices. Une manifestation tendue, un jeune homme blessé par un tir de LBD, des circonstances à éclaircir pour établir une responsabilité. Mais un élément inattendu va troubler Stéphanie, pour qui le dossier 137 devient autre chose qu’un simple numéro.

Dominik Moll, réalisateur et scénariste français d’origine allemande, revient à Cannes cette année – après le succès rencontré en 2022 avec La Nuit du 12, présenté au Festival dans la section Cannes Première, et ayant obtenu plusieurs César (meilleure création, meilleur film et meilleure adaptation) – avec Dossier 137 en compétition.

Après avoir assisté à l’essor du cinéma animalier, Dominik Moll découvre les films d’Alfred Hitchcock et se tourne vers la fiction. Il a étudié le cinéma au City College de New York et à l’IDHEC, où il rencontre son complice Gilles Marchand. Ensemble ils écriront les scénarios de la plupart de leurs films respectifs. Dans les années 1990, il travaille comme monteur et assistant réalisateur auprès de Laurent Cantet et Marcel Ophuls, puis réalise son premier long métrage, Intimité (1994).

Sa percée a eu lieu en 2000 avec Harry, un ami qui te veut, un thriller sélectionné à Cannes où il a reçu un excellent accueil critique et public.

Ses films mettent toujours en scène des personnages dont les histoires mêlent conflits familiaux et situations professionnelles, les poussant aux limites de la moralité. Des thrillers psychologiques ancrés dans une société en pleine tourmente.  Dans cette perspective, Moll aborde les thèmes de la justice et de l’injustice et met en scène les forces de l’ordre.

Le Dossier 137 suit Stéphanie, enquêtrice à l’IGPN (Inspection générale de la police nationale), chargée d’enquêter sur les graves blessures infligées à un jeune homme par un camion équipé d’un fusil d’autodéfense (LBD). Confrontée à la pression de sa hiérarchie et aux lourdeurs du système judiciaire, elle verra ses convictions morales mises à rude épreuve.

Dominik Moll déclare : « Le fonctionnement de l’IGPN me fascine depuis longtemps. Précisément parce qu’il implique des policiers enquêtant sur d’autres policiers, ces hommes et ces femmes se trouvent dans une situation délicate. »… « Il existe très peu de documents sur l’IGPN. C’est une institution longtemps restée secrète, voire opaque. Elle apparaît rarement dans les films ou les livres, et lorsqu’elle y figure, c’est de manière anecdotique et souvent caricaturale. » « Grâce à l’ouverture d’esprit d’un nouveau directeur de l’IGPN, qui était pour la première fois magistrat et non policier, j’ai eu l’opportunité, assez inattendue, de m’immerger dans la délégation parisienne de l’IGPN. »

Moll se concentre sur la période suivant le mouvement des Gilets jaunes, mais nous savons que les protestations se sont propagées dans le monde entier. Cependant, la réalisatrice souhaitait aller plus loin, examiner le problème des violences policières, qui n’est pas seulement un problème français mais qui a une résonance internationale.

Le film est globalement très simple, malgré un montage très serré et des prouesses techniques remarquables. Le rythme est extrêmement rapide, malgré des dialogues denses. Dans l’ensemble, le résultat est très positif pour un large public, mais il est également important pour réfléchir aux événements évoqués précédemment. C’est une situation douloureuse, surtout en France, mais d’autres pays ne sont pas épargnés.

L’une des séquences les plus importantes du film, à notre avis, est celle de l’interrogatoire. Le réalisateur et son coscénariste ont conçu une série de réponses courtes et percutantes, traduisant la complexité de l’enquête grâce à une technique elliptique.    Selon le réalisateur : « On entrevoit la réalité d’une enquête, son côté ingrat, mais aussi, à travers le rythme de la séquence, l’efficacité et l’idéal du travail bien fait. »

Les scènes de combat ont été filmées en partie avec des images d’archives, mais surtout avec une mise en scène spécifique car les protagonistes participent également au tournage.

Acteurs

Léa Drucker incarne Stéphanie Bertrand, l’inspectrice. Forte d’une longue et brillante carrière, elle confirme dans Dossier 137 son excellent professionnalisme. Captivante du début à la fin, elle avait déjà collaboré avec le réalisateur sur News from the Planet Mars, où elle interprétait une journaliste de télévision. D’après les notes de production, Léa Drucker souhaitait organiser des entretiens avec deux inspecteurs de l’IGPN. Forte de son expérience, elle savait que le rôle était complexe ; son regard et ses mouvements ont sublimé son interprétation. Lors des interrogatoires, elle a su trouver le juste équilibre entre sensibilité et détermination.

Jonathan Turnbull et Guslagie Malanda

Pour le reste de la distribution, les directeurs de casting ont identifié de nouveaux visages à l’exception de Jonathan Turnbull, assez connu pour le cinéma, le théâtre et les séries télévisées, et de Guslagie Malanda, connu pour avoir joué Saint Omer.

Montage

Comme nous l’avons déjà mentionné, le montage est primordial dans Dossier 137 et a été réalisé par Laurent Rouan, technicien fort d’une cinquantaine de films à son actif. Il avait déjà collaboré avec le réalisateur.

Musique

La bande originale est également très intéressante, grâce à Olivier Marguerit, compositeur, interprète, musicien, multi-instrumentiste et arrangeur français. Il travaille actuellement sur la musique du film L’Inconnu de la Grande Arche. Dans Dossier 137, il parvient à donner au film un rythme agréable, en équilibrant des moments musicaux percutants avec des sonorités plus apaisantes. À cet égard, la prise de son et le montage sonore sont également excellents.

DOSSIERE 137 – Fiche Technique

Scénario et dialogues Dominik Moll et Gilles Marchand
Image Patrick Ghiringhelli
Musique originale Olivier Marguerit
Décors Emmanuelle Duplay
Casting Agathe Hassenforder et Fanny de Donceel
1er assistant mise en scène Thierry Verrier
Ingénieur du son François Maurel
Montage Laurent Rouan
Montage son Rym Debbarh-Mounir
Mixage Nathalie Vidal
Scripte Cathy Mlakar
Costumes Dorothée Guiraud
Maquillage et Coiffure Kaatje Van Damme
Régisseur général Antek Graczyk
Directeur de production Stéphane Riga
Produit par Caroline Benjo, Barbara Letellier, Carole Scotta
Producteur associé Simon Arnal
Sociétés de production : Haut et Court et France 2 Cinéma en association avec 6 SOFICA
Société de distribution : Haut et Court (France)DISTRIBUTION
(cr ph Haut et Court Distribution)

DISTRIBUTION

Léa Drucker : Stéphanie Bertrand
Théo Navarro-Mussy : Mickael Fages
Théo Costa-Marini : Arnaud Lavallée
Valentin Campagne : Rémi Cordier
Guslagie Malanda : Alicia Mady
Stanislas Merhar : Jérémy
Côme Peronnet : Guillaume Girard
Mathilde Riu : Sonia Girard
Jonathan Turnbull : Benoît Guérini
Antonia Buresi : une collègue de Stéphanie
Kevin Debonne : un chef de brigade
Laurent Bozzi : Santoni
Dorothée Martinet : Chrystelle
Étienne Guillou-Kervern : le syndicaliste de la police
Yoann Blanc : un policier interrogé