France, 2025 Durée : 1h43 –  LE 10 Décembre au cinéma

Avec Swann Arlaud, Galatea Bellugi, Louise Chevillotte et Emmanuelle Devos

par Roberto Tirapelle

Jérôme Bonnell revient au cinéma avec un film d’époque fascinant. Un mélodrame qui mêle patriarcat et émancipation féminine, deux thèmes toujours d’actualité. L’étouffement et la passion sont les maîtres mots des excellentes performances de l’ensemble des acteurs.

SYNOPSISC’est l’histoire de Céleste, jeune bonne employée chez Victoire et André, en 1908. C’est l’histoire de Victoire, de l’épouse modèle qu’elle ne sait pas être. Deux femmes que tout sépare mais qui vivent sous le même toit, défiant les conventions et les non-dits.

Jérôme Bonnell, scénariste et réalisateur français, travaille actuellement sur son huitième long métrage et s’est imposé comme l’un des réalisateurs les plus intéressants de sa génération. Avec La Condition, il aborde le thème du patriarcat et son impact sur les droits des femmes.

Le film est vaguement basé sur “Amours” de Léonor de Recondo, éditions Sabine Wespieser et ayant reçu le grand prix RTL-Lire et le prix des Libraires en 2015. De Recondo, violoniste et écrivaine française, mène une carrière remarquable à la fois comme musicien et comme écrivain.

La Condition est un mélodrame qui se déroule dans une villa bourgeoise au début du XXe siècle. Trois personnages principaux cohabitent : André et Victoire, un couple marié menant une vie morne et sans enfant, et Céleste, une gouvernante contrainte de se soumettre aux désirs sexuels consentis de son employeur sous peine de perdre son emploi. La mère d’André, muette et handicapée, confinée dans sa chambre, apparaît également.

(à gauche Louise Chevillotte, à droite Swann Arlaud)

La collaboration entre la metteuse en scène et l’auteure était excellente ; de Recondo a même encouragé Bonnel : « Elle m’a suggéré d’insister sur la gêne de Victoire face à l’enfant, comme une actrice peinant à jouer son rôle. » Car l’enfant naîtra de Céleste.

La condition est un titre qui recouvre plusieurs aspects, comme l’explique le réalisateur : « Il s’agit avant tout de la condition bourgeoise, puis de celle des femmes, mais aussi de celle des hommes. Et puis, à un certain moment, c’est dans ce contexte que le personnage de Victoire accepte de conclure un pacte avec son mari. »

Pour Bonnel, c’est un film magnifiquement filmé, qui évite les écueils des reconstitutions d’époque, où le récit devient de plus en plus oppressant, mais où subsiste aussi une possibilité de libération qui confère au film une grande modernité.

Acteurs


Swann Arlaud incarne André, le seul homme de la maison. Cet acteur français, dont la carrière a débuté dans les années 1980, a connu une ascension fulgurante en 2016 grâce à deux films, couronnés par le César du meilleur acteur. Dans La condition, il livre une performance magistrale, mêlant politesse et hypocrisie, colère et peut-être même remords.

Louise Chevillotte incarne Victoire, l’épouse d’André. Forte d’une brillante carrière théâtrale, qu’elle a poursuivie cette année dans Thérèse et Isabelle, une production de Marie Fortuit, elle a également mené une carrière cinématographique remarquable, lancée par Philippe Garrel. Louise Chevillotte possède une beauté sculpturale, qu’on retrouve à l’écran, où elle déploie une palette de nuances indéniables. D’apparence fragile, elle est pourtant la seule à tenir tête à son mari avec grâce et un grand raffinement. Elle aborde le personnage de Céleste avec une extrême sensibilité.

Galatéa Bellugi incarne Céleste, la gouvernante. Actrice française d’origine italo-danoise, elle connaît une carrière remarquable malgré son jeune âge. Malgré sa présence constante à l’écran et ses silences d’apparence fragile, elle possède une forte personnalité, consciente des responsabilités qui l’attendent. Son jeu imprègne tout le film et touche profondément le public. Galatéa Bellugi avait déjà collaboré avec Bonnell sur son premier film, Les Yeux clairs, à l’âge de huit ans. Son prochain film, L’Engloutie de Louise Hémon, qui fait déjà beaucoup parler de lui, sortira prochainement, suivi l’année prochaine par Chercheurs d’Aurélien Peilloux. Elle est donc une actrice en pleine ascension.

(Galatéa Bellugi)

Emmanuelle Devos incarne Mathilde, la mère d’André. On sait que Devos est une actrice magnifique, pleine d’inspiration. Ayant déjà travaillé avec le réalisateur, elle maîtrise parfaitement sa technique. Dans le film, elle est muette, mais le rôle exige qu’elle écrive au tableau, ce qui rend sa position implacable. Finalement, c’est un personnage plus difficile à interpréter que les autres.

La présence d‘Aymeline Alix dans le rôle d’Huguette, la seconde femme de chambre, est incontournable. Elle doit jouer une figure assez brutale, très aseptisée, mais capable de maintenir l’équilibre domestique. Grande comédienne de théâtre, elle est aujourd’hui membre résidente de la Comédie-Française, scénographe et directrice artistique de la Compagnie du 4 septembre. Une personnalité d’une grande profondeur.

Image

Pascal Lagriffoul, le directeur de la photographie, a réalisé un travail remarquable en recréant une atmosphère familiale étouffante, jouant sur les contrastes de lumière et d’obscurité, la beauté des lampes à huile, des bougies et des zones d’ombre. Le réalisateur explique : « Quand on filme un personnage sur un fond sombre et qu’on l’éclaire de l’extérieur, son visage devient le seul élément de l’image soumis aux variations de lumière. Une autre histoire d’étouffement, avec l’idée que la vraie lumière, celle d’un avenir meilleur, est à l’extérieur, jamais à l’intérieur.» Lagriffoul a travaillé sur au moins soixante-dix films. Il utilise également une caméra Sony VENICE.

La condition

Scénario Jérôme Bonnell
d’après Amours de Léonor de Récondo
©Sabine Wespieser éditeur, 2015
Producteur délégué Michel Saint-Jean
Productrice exécutive Anne Mathieu
Directeur de production Patrick Armisen
Directrice de post-production Cécile Miralvès
Image Pascal Lagriffoul, AFC
Montage Julie Dupré
Musique David Sztanke
Son Laurent Benaïm
Montage son Claire-Anne Largeron
Mixage Emmanuel Croset
Costumes Céline Guignard-Rajot
Décors Catherine Jarrier, ADC
Maquillage Anne Caramagnol
Coiffure Nathalie Champigny
Scripte Christine Catonné
1ère Assistante mise en scène Alice Pic

Production Diaphana Films
Avec le soutien de Canal+
Avec la participation de Ciné+ OCS
Avec le soutien à la production de La Région Normandie
en partenariat avec le CNC
et en association avec Normandie Image
Avec l’accompagnement de L’Accueil de Tournages Normandie
Avec le soutien du Centre National du Cinéma
et de l’Image Animée
En association avec COFINOVA 20, COFINOVA 21,
PALATINE ÉTOILE 22, COFIMAGE 35
Distribution DIAPHANA DISTRIBUTION
Ventes internationales PLAYTIME

(cr ph DIAPHANA DISTRIBUTION)