Festival de Cannes 2023 – Compétition

par Roberto Tirapelle

La Chimère, un rêve toujours à poursuivre entre conte de fée, réalité et luminescence, un fil visible entre sacré et profane.

SYNOPSIS

Chacun poursuit sa chimère sans jamais parvenir à la saisir. Pour certains, c’est un rêve d’argent facile, pour d’autres la quête d’un amour passé… De retour dans sa petite ville du bord de la mer Tyrrhénienne, Arthur retrouve sa bande de Tombaroli, des pilleurs de tombes étrusques et de merveilles archéologiques.

Alice Rohrwacher, réalisatrice et scénariste toscane, son père violoniste allemand, a présenté cette année son quatrième long métrage “La Chimère” au Festival de Cannes en compétition avec un accueil chaleureux mais sans remporter aucun prix. La cinéaste était d’ailleurs une habituée de Cannes, ayant été invitée dès ses débuts avec “Corpo Celeste” à la Quinzaine des Réalisateurs, puis avec “Les Merveilles”, son deuxième long métrage, également en compétition à Cannes, elle a récolté le Grand Prix. Il revient à Cannes avec “Heureux comme Lazzaro” toujours en compétition et remporte le Prix du Scénario ex-aequo avec un film iranien. En 2019 il fait partie du jury du Festival et en 2022 il présente son moyen métrage “Le pupille” à Cannes avec une masterclass. On peut donc dire qu’Alice Rohrwacher a une présence respectable sur le marché français, à égalité avec les grandes stars françaises.

Après cette nécessaire introduction nous revenons à “La Chimère”, un film qui réitère son idée de documenter la relation entre les personnages et la nature, à travers une culture évolutive mais toujours à l’écoute du passé. Parlant du passé de “Les Merveilles” à “Heureux comme Lazzaro” en passant par “La Chimère”, les trois films semblent composer un triptyque. En réalité le cinéaste alimente une résonance, les trois films forment un écho.

(cr pf Tempesta srl, Ad Vitam production, Amka films productions, Arte France cinéma)

Dans les “Merveilles”, un village de l’Ombrie est submergé par une émission de téléréalité, surtout une famille d’apiculteurs, un document sur l’épopée familiale et écologique et une réprimande des médias. Dans “Heureux comme Lazzaro”, il écrit sur les agriculteurs de sa région après avoir fait quelques recherches. Il existait une sorte d’esclavage moderne où Lazare était le miroir naïf et bienveillant de cette arrogance. Lazare tombe d’une falaise puis se réveille. “La Chimère” raconte les pilleurs de tombes étrusques dont la réalisatrice entendait parler dans les bars lorsqu’elle était petite. Ces gens savaient lire le paysage, situer le passé. Ces souvenirs personnels sont étroitement liés à la structure d’une culture.

Nous sommes dans les années 80 mais les pillages font écho à la crise économique, sociale et écologique d’aujourd’hui. Alice Rorwacher fait part de ses réflexions en déclarant “Elles sont pour moi des trésors qui racontent le rapport du passé avec la mort. Je suis conscient que ces vestiges symbolisent l’existence de la vie avant notre enfance et la définition de notre regard. Mon histoire individuelle s’écrit dans une histoire collective et semblable à la mort, où le prisme collectif est de plus en plus effrayante.”

(cr pf Tempesta srl, Ad Vitam production, Amka films productions, Arte France cinéma)

Le personnage de La Chimère est l’Anglais Arthur (acteur Josh O’Connor) dont on ne sait rien et qui parle très peu. Il devrait être revenu de prison, car lorsqu’il a été pourchassé par les carabiniers, il est resté sur place et ses amis ne l’ont pas aidé. Il retourne en Italie dans un village de Tuscia au bord de la mer Tyrrhénienne où il rencontre Beniamina (Yle Vianello). Il est idolâtré par ses amis pilleurs de tombes car il a une capacité plus devin à trouver les tombes étrusques. Il aime observer la merveille des objets funéraires. Il rend visite à Flora (Isabella Rossellini), la mère de Beniamina, qui discute entre étonnement, illusions et émerveillement. Et entourée de ses filles qui souhaitent la transférer dans un hospice.

La photographie
Alice Rorwacher a encore une fois fait appel à la fidèle Hélène Louvart (directrice de la photographie française très connue avec une immense filmographie derrière elle comprenant longs métrages, courts métrages, projets télévisuels, installations vidéo, etc.) avec qui elle a travaillé sur tous ses films. . Dans La Chimère, ils ont utilisé différents formats de films. Comme Rorwacher le décrit elle-même: “D’où l’usage du Super16, qui est un support agile et narratif; Le film 35 mm, évoque ici la contemplation et la part picturale que peut offrir le cinéma; ou de taille 16 mm, ici les femmes ressentent la sensation de voir une écriture manuscrite sur la page d’un livre. J’ai envie de jouer avec ces différentes textures, si bien que ces films soient accessibles, qu’on puisse aussi filmer plus tard.”

Les acteurs
Commençons par Isabella Rossellini, certainement un mythe, et une interprétation suspendue entre le quotidien réel et les moments d’espoir illusoire qui guide les différents protagonistes de l’histoire. Il parle avec différents rythmes de langage et avec l’aide de son visage toujours brillant. Josh O’Connor, fraîchement sorti d’une carrière éblouissante et également connu pour la série “The Crown” où il incarnait le rôle de Carlo, était certainement un excellent choix de casting, il se déplace comme dans une danse ancienne, entre personnages burlesques et odeurs d’antan. territoire. Tous tendus vers sa chimère, le fil de Beniamina qui la retrouve dans l’obscurité et le sauve dans sa lumière. Il a fait un excellent travail avec la langue italienne. Il en va de même pour Carol Duarte, brésilienne, aux nombreuses récompenses, qui a une façon singulière de travailler, elle a donné vie à son personnage, une irrésistible Italie, proche et lointaine. Tous les personnages secondaires bougent comme des masques Fellini. Enfin il y a Alba Rorwacher qui apporte toujours de la lumière aux films de sa sœur et c’est toujours un plaisir de la voir.

(cr pf Tempesta srl, Ad Vitam production, Amka films productions, Arte France cinéma)

(Merci à Ad Vitam Distribution)

LA CHIMÈRE

Année de production : 2023 – Pays : Italie, France, Suisse – Durée : 130 minutes – Date de sortie : 06.12.2023

Liste Artistique: Arthur Josh O’CONNOR – Italia Carol DUARTE – Flora Isabella ROSSELLINI – Frida Alba ROHRWACHER – Pirro Vincenzo NEMOLATO – Jerry Giuliano MANTOVANI – Melchiorre Melchiorre PALA – Mario Gan Piero CAPRETTO – Fabriana Ramona FIORINI – Beniamina Yile VIANELLO – Colombina Julia PANDOLFO – Mélodie Lou ROY LECOLLINET

Liste Technique:

Réalisé par Alice ROHRWACHER
Scénariste Alice ROHRWACHER
Directeur de production Giorgio GASPARINI
Chef opérateur son Xavier LAVOREL
Directrice de la photographie Hélène LOUVART
Créatrice des costumes Loredana BUSCEMI
Cheffe décoratrice Emita FRIGATO
Cheffe monteuse Nelly QUETTIER
Scripte Sara CAVANI
Régisseur général Laura PETRUCCELLI
Directrice de post-production Monica VERZOLINI

Produit par TEMPESTA FILMS et RAI CINEMA / Italie
AD VITAM PRODUCTION / France
AMKA FILMS PRODUCTIONS / Suisse
Producteur Carlo CRESTO-DINA
Coproducteurs Paolo DEL BROCCO, Alexandra HENOCHSBERG,
Pierre-François PIET, Grégory GAJOS, Amel
SOUDANI, Michela PINI, Olga LAMONTANARA
En coproduction avec
Arte France CInéma, RSI Radiotelevisione
Svizzera, Filmcoopi

Ventes internationales THE MATCH FACTORY
Distribution France Ad Vitam