Festival de Cannes 2023, Semaine de la Critique, film de clôture

Erwan Le Duc fascine le spectateur avec un film plein d’esprit, aidé par des acteurs imaginatifs et captivants.

par Roberto Tirapelle

SYNOPSIS

Etienne a vingt ans à peine lorsqu’il tombe amoureux de Valérie, et guère plus lorsque naît leur fille Rosa. Le jour où Valérie les abandonne, Etienne choisit de ne pas en faire un drame. Etienne et Rosa se construisent une vie heureuse. Seize ans plus tard, alors que Rosa doit partir étudier et qu’il faut se séparer pour chacun vivre sa vie, le passé ressurgit.

Erwan Le Duc, réalisateur et scénariste français, présente son deuxième long métrage “La fille de son père” à l’issue de la 62e Semaine de la Critique du Festival de Cannes 2023 et est salué par tous. Déjà le premier film “Perdrix” avec lequel il s’est révélé comme un cinéaste remarqué en 2019 en se présentant à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes, avait signé une comédie romantique au style charmant et rappelant son enfance dans les Vosges. Mais l’un de ses courts métrages “Le Soldat vierge” a également été de nouveau sélectionné à la Semaine de la Critique en 2016, participant également à l’atelier Next Step.

Avec “La fille de son père”, Erwan Le Duc marque un style qui s’écarte de la tradition des réalisateurs humoristiques français et s’inspire davantage de cinéastes comme Buster Keaton, pour l’humour ou Jacques Tati pour le burlesque. Certes, derrière la comédie du film il y a aussi le drame familial de la famille mais tout est réalisé avec légèreté et un panorama d’idées cinématographiques et théâtrales très efficaces.

L’idée du film, selon le réalisateur, est venue avant tout d’un des personnages de Perdrix, Juju, le frère de Pierre Perdrix, interprété par Nicolas Maury. Un père célibataire élevant une fille 12 ans, entouré de sa famille. Dans leur histoire il y avait déjà la question de la séparation entre eux, l’enfant qui disait quitter son père sans l’abandonner. En 2020, le réalisateur cesse son activité de journaliste et se lance dans la préparation de films. Cela comprenait un accouchement avec la fille et commence ainsi une relation père-fille et un conditionnement entre les deux.

(à g. Céleste Brunnquell, a d. Nahuel Pérez Biscayart; cr ph Pyramide Films)

Dans “La fille de son père” Etienne, abandonné par Valérie, n’en fait pas un drame et tente de reconstruire une vie à trois avec sa fille et nouvelle compagne Hélène (Maud Wyler). Le film s’ouvre sur une séquence d’images très rapide où Erwan Le Duc montre la rencontre du couple sur les bords de Seine, leur amour, la naissance de Rosa, leur échec sentimental et leur abandon. Puis tout le reste avec un enchaînement d’idées techniques qui retiennent le souffle, un système de tir qui change complètement et suit les personnages avec la facilité d’un match de football car le protagoniste est devenu entraîneur de football.

Peut-être que ces galops de réalisateur ont quelque peu caché les émotions des personnages qui ne manquent pourtant pas ni celles du récit et le pathos qui s’établit entre le spectateur et le film est quelque peu mis à mal. Cependant, le réalisateur a réussi à suivre obstinément la maîtrise de ses protagonistes.

(cr ph. Pyramide Films)

Les acteurs

Le casting a été réalisé avec Aurélie Guichard. Pour Nahuel Pérez Biscayart (Etienne), l’acteur argentin connu pour un César qui lui a été décerné pour « 120 Battements par minute » et pour une vaste filmographie comprenant des longs et courts métrages, de la télévision et des séries, le réalisateur déclare que le choix a été immédiat: “Au-delà de son talent, Nahuel m’intéressait parce que ce n’était pas du tout l’archétype de l’entraîneur de football ni l’archétype du père. C’est un acteur qui amène beaucoup de poésie, un monde à lui.” Il y a selon nous une comédie extravagante et une touche burlesque qui vous entraîne dans un monde physique et gestuel. Comme le souligne Erwan Le Duc: “j’aimais bien qu’il y ait un petit côté Buster Keaton dans le personnage.”

Pour Céleste Brunnquell (Rosa, la fille), jeune actrice française au bon parcours et quelques récompenses acquises, la réalisatrice a trouvé une présence singulière car le rôle est difficile avec un dialogue très vivant. Son interprétation donnait de l’intériorité et de la légèreté. Elle a aussi un geste qui change son attention et la scène prend des angles inhabituels.

Portugal

Etienne voit Valérie dans un reportage télé sur le surf au Portugal. Et chez Nazarè, une rencontre à trois, réelle ou fantasmatique, révélera encore la nostalgie, cet émerveillement magique de tous les personnages dans les yeux.

LA FILLE DE SON PÈRE – France, 1h31 – en salle le 20 décembre 2023

ACTEURS

Étienne – Nahuel Pérez Biscayart
Rosa – Céleste Brunnquell
Hélène – Maud Wyler
Youssef – Mohammed Louridi
Valérie – Mercedes Dassy

EQUIPE TECHNIQUE

Scénario et réalisation – Erwan Le Duc/ Image – Alexis Kavyrchine/ Musique originale – Julie Roué/ Montage – Julie Dupré/ Casting – Aurélie Guichard, Elsa Pharaon/ Son – Mathieu Descamps, Jules Laurin, Matthieu Gasnier, Vincent Cosson/ Décors – Astrid Tonnellier/ Costumes – Elisa Ingrassia/ 1er assistante réalisateur – Célie Valdenaire/ Directrice de production – Anaïs Ascaride/ Production – Domino Films, Stéphanie Bermann et Alexis Dulguerian