Année de production : 2024 – Pays : France – Durée : 178 minutes – Date de sortie 28.06.2024

Une réinterprétation extrêmement plaisante du classique de Dumas. Il y a de tout dans Le Comte de Monte-Cristo y compris une galerie d’acteurs de premier ordre.

par Roberto Tirapelle

Synopsis

Marseille 1815, Edmond Dantès est enfermé au château d’If pour un crime qu’il n’a pas commis. Après quatorze années de détention, il parvient à s’évader et orchestre sa vengeance. Sous de multiples identités dont celle du Comte de Monte-Cristo, Dantès séduit ceux qui l’ont trahi par le passé pour mieux les abattre. Mais à quel prix?

Il est fort probable que Pathé avait pour objectif de faire connaître au grand public l’un des récits les plus épiques et populaires de la littérature française même si les Français connaissaient déjà les événements des Trois Hommes Squelettes ou du Comte de Monte-Cristo. En effet, malgré les adaptations réalisées précédemment, les deux scénaristes et réalisateurs Matthieu Delaporte et Alexandre de la Patellière ont décidé de relancer le défi. Le réalisateur Martin Bourboulon a réalisé “Les Trois Mosquetaires : D’Artagnan” et “Les Trois Mosquetaires : Milady” en 2023 avec le scénario de Delaporte et de la Patellière, désormais les deux scénaristes ont pour objectif de réaliser Le Comte de Monte Cristo présenté au Festival de Cannes 2024 hors compétition.

Les deux réalisateurs, déjà fascinés par Alexandre Dumas, immense auteur, avaient en tête le projet Monte Cristo car ils affirment “que le roman ressemble à un opéra, comparable au Don Giovanni de Mozart”. Ils aiment particulièrement le mélange des genres qui comprend : “le roman d’aventures, le roman d’amour, la tragédie, le thriller, la comédie humaine et politique combinés à un côté romantique, drôle et effrayant”

Malgré quelques critiques très tièdes, voire négatives, le résultat du film est très agréable mais surtout il a été construit de telle sorte que la durée ne lasse pas le spectateur, il dispose d’adaptations innovantes qui rendent l’écoute et le visionnage attractifs même pour les spectateurs. les jeunes. De plus, les personnages et les interprètes sont très justes et tous très bons.

L’histoire de Dumas a un très fort écho avec notre époque selon les dires des deux réalisateurs. En effet, Alexandre de la Patellière déclare : « C’est une histoire très accessible car on ne fait plus qu’un avec ce personnage et on veut se venger de lui. »……… Dans ce monde qui fut violent et qui l’est toujours. aujourd’hui, nous avons découvert que cette idée de vengeance n’avait pas vieilli du tout. Matthieu Delaporte exprime à sa manière : « Et l’autre élément intéressant, c’est que Monte Cristo est un homme qui n’a ni religion, ni patrie, ni moralité. Ce n’est pas Robin des Bois. Il trouve un trésor et, au lieu de le distribuer, il le garde pour assouvir son désir de vengeance. Nous aussi, nous partageons cette clairvoyance de Dumas et la fidèle modernisation créée par de la Patellière et Delaporte.

Un casting 5 étoiles

Pierre Niney est Le Comte de Monte Cristo, une brillante carrière à la fois au cinéma et au théâtre. Cette fois le rôle était particulièrement multiforme et donc difficile, l’histoire se développe avec diverses fictions/masques, mais Niney a l’habitude de jouer ces personnages dans sa carrière. Il prévient : « J’ai aussi été trempé dans des films avec les mêmes que j’ai déjà vus, certains de Tim Burton et les films de super-héros, ici abondants en jeunes masques, le plus passionné restant de Bruce Wayne alias Batman, du plus grand proche de Monte-Cristo.”…” Pour moi, changer de visage, être che l’ autre, c’est autant un plaisir de gosse que d’acteur. ” Il y a notamment deux moments passionnants dans le film : la période de prison et la rencontre avec l’abbé Faria et le monologue tout à fait théâtral lors du dîner avec tous les invités qui représentent sa vengeance et le Comte évoque l’enterrement de l’enfant.

Anaïs Demoustier est Mercedes, la femme que Dantès épousera dès son arrivée à Marseille en 1815. Demoustier est une actrice française avec une immense carrière au cinéma, à la télévision et au théâtre. Cinq nominations aux Césars et autres prix du théâtre. Dans le film elle est belle et vit très bien dans le contexte dans lequel elle est placée et c’est une surprise supplémentaire car il est rare de la voir dans des rôles d’époque. A ce propos, il est intéressant d’entendre ce qu’elle dit : « En tant qu’actrice, j’ai toujours un grand plaisir à m’intéresser au texte et à entendre ce qu’est un auteur dans les coulisses. J’ai trouvé savoureux de dire ces choses-là, de parler de cette langue-là. La visite de Monte-Cristo m’a aussi fait redécouvrir le plaisir des costumes, de la beauté des décors. Ils nourrissent énormément un acteur. « Ce qui me fait parfois peur dans le film d’époque, c’est le risque du déguisement, de l’aspect poussiéreux, qui fait écran avec le spectateur. Or qu’il y a beaucoup dans Le Comte de Monte-Cristo d’Alexandre et Matthieu, la chaise des personnages à travers l’époque. D’autre part, destinés, des parkours de vie, des gens qui traversent des épreuves, qui sont écartelés par leurs émotions. C’est ce qu’il a choisi de vivre formidablement dans le film, tout comme le discours de l’époque actuelle.

Anamaria Vartolomei est Haydée, une actrice franco-roumaine qui, malgré sa jeunesse, a déjà un CV remarquable, surtout si l’on relise les derniers films, comme le succès à la Mostra de Venise de « L’événement » (2021) ou « Maria » (2024) portrait de Maria Schneider. Même avec Haydée elle parvient à se montrer envoûtante, fragile, manipulatrice. “Je suis tellement heureux parce que le rôle ne revient pas avant que je puisse le rejouer.” – déclare-t-il – J’aime les personnages tourmentés intérieurement, ceux dont les sentiments vont à l’encontre de ce qu’ils étaient fixés »… »Pour le rôle, il fallait que j’adopte un accent particulier… un accent très subtil »

Pierfrancesco Favino est l’abbé Faria. Favino n’est certes plus à présenter, sa brève présence au Château d’If mérite qu’on s’y attarde par son intensité et son charisme.

Des salauds mais très géniaux

Bastion Bouillon joue le rôle de Fernand de Morcerf, le cousin de Mercedes dans le film, c’est un acteur français avec une belle carrière derrière lui également à la télévision, dans les séries et au théâtre. Il a une belle opportunité dans le film, celle d’incarner un personnage qui a trahi à plusieurs reprises et c’est un pari réussi.

Laurent Lafitte est le procureur de Villefort. Lafitte mène une superbe carrière au cinéma et au théâtre et travaille à la Comédie française depuis de nombreuses années. Un rôle qu’il joue excellemment dans sa glaciale. Certaines de ses déclarations sur le pouvoir sont intéressantes : « C’est quellqu’un qui n’a pas besoin de faire la démonstration de son pouvoir puisque personne n’ignore que c’est celui de la loi. Il fait peur à tout le monde, même aux puissants et aux richesses. “J’ai composé un personnage glacial, presque reptilien, sur cette personne non pas un prix qui peut être mis de côté ni sur l’argent, ni sur le jeu social, mais sur la loi et sur la façon dont l’utiliser à son profit.”

Patrick Mille est le baron Danglars. Un autre bon acteur de cinéma et de théâtre. Il sait très bien démontrer son ambition car c’est un vrai marin et il est très jaloux de Dantès. Il déclare : J’ai cherché à rendre cette dimension nouvelle de Danglars, cella d’un homme dont la mer est toute la vie. La porte de l’ailleurs sur le réseau des tatouages ​​ici est représentative de chacun d’où il vient, tout comme il est baron et banquier, exactement comme un tatouage ancien qui ressemble à une trace de violence passée. Dans son interprétation, il s’est inspiré de certains personnages de films : « J’ai cherché mon inspiration du côté de Loup Larsen, le capitaine violence du Loup des mers de Jack London »…Plus comme Danglars est obsédé par l’argent, qui He s’est permis une revanche sociale, il a aussi pensé au trader Gordon Gekko, joué par Michael Douglas à Wall Street.”

Les deux jeunes comédiens sont aussi des révélations

Julien de Saint Jean est Andréa Cavalcanti, protégé de Monte Cristo et fils de de Villefort. Vassili Schneider dans le rôle d’Albert de Morcerf. Ils sont à la fois inquiétants et amers, et intenses de colère lorsque leurs personnages émergent.

“Le Comte de Monte-Cristo” réalisé par Matthieu DELAPORTE, Alexandre DE LA PATELLIÈRE

Distribution
Pierre Niney : Edmond Dantès / le Comte de Monte-Cristo / Lord Halifax – Bastien Bouillon : Fernand de Morcerf – Anaïs Demoustier : Mercédès de Morcerf – Anamaria Vartolomei : Haydée – Laurent Lafitte : Gérard de Villefort, procureur du Roi à Marseille – Pierfrancesco Favino : l’abbé Faria – Patrick Mille : le baron Danglars, marchand et ex-marin – Vassili Schneider : Albert de Morcerf – Julien de Saint Jean : Prince Andréa Cavalcanti / André de Villefort, fils bâtard du procureur
Fiche Technique
Musique : Jérôme Rebotier – Direction artistique : Patrick Schmitt – Décors : Stéphane Taillasson – Costumes : Thierry Delettre – Photographie : Nicolas Bolduc – Son : David Rit – Montage : Célia Lafitedupont – Production : Dimitri Rassam – Sociétés de production : Chapter 2 et Pathé Films, en coproduction avec Fargo Films et M6 Films – Sociétés de distribution : Pathé Distribution (France) ; Alternative Films (Belgique), Pathé Films AG (Suisse romande), Sphère Films (Québec)

(Cr. Ph. Chapter 2 – Pathe Films – M6 – Jérome Prébois) – (cr. ph. Pathe Films – M6 films – Fargo Films) – (Cr Ph Pathe Films – M6 – Rémy Grandroques)