LE RÈGNE ANIMAL un film de Thomas CAILLEY

FESTIVAL DI CANNES 2023 – FILM D’OUVERTURE UN CERTAIN REGARD

par Roberto Tirapelle

Cailley réalise un film ambitieux car hors des conventions, enrichi par la relation père-fils. Intime et spectaculaire, la véritable surprise de l’automne.

Réalisé par : Thomas CAILLEY
Année de production : 2023
Pays : France
Durée : 130 minutes
Date de sortie : 04.10.2023

SYNOPSIS

Dans un monde en proie à une vague de mutations qui transforment peu à peu certains humains en animaux, François fait tout pour sauver sa femme, touchée par ce mal mystérieux. Alors que la région se peuple de créatures d’un nouveau genre, il embarque Émile, leur fils de 16 ans, dans une quête qui bouleversera à jamais leur existence.

Thomas Cailley, jeune réalisateur français au beau parcours dans le scénario depuis 2009, a réalisé son premier court métrage Paris Shanghai (2010) qui a reçu de nombreuses récompenses. Le règne animal, son deuxième long métrage, marque son fil conducteur entre science-fiction, quotidien réaliste et vision écologique qui avait déjà marqué Les combattants, son premier film de 2014. Cailley avec Les combattants, choisi à la Quinzaine des réalisateurs et accueilli Avec des faveurs et de nombreuses récompenses, il s’essaye à la manipulation des genres.

Avec Le règne animal, le réalisateur travaille entre fantastique et réalisme, un domaine peu fréquenté par le cinéma français, et il le fait avec beaucoup d’ampleur cinématographique, s’immergeant dans un environnement forestier qui parvient à transformer les humains en bêtes semblables, où il n’y a pas de manque d’esprit humoristique du réalisateur. Au début le film semble prendre son temps et n’est pas très dynamique, mais lorsque le règne animal prend le dessus alors le suspense et l’envie ne s’arrêtent plus. L’intrigue du film a été inspirée par Cailley par un scénario de Pauline Munier qui décrivait certains êtres humains se transformant en traits animaux. “L’idée m’a tout de suite frappé – explique le réalisateur – et j’ai proposé à Pauline d’écrire un film ensemble”.

Le mérite revient, outre le metteur en scène qui sait bien diriger techniquement sa mise en scène, aux comédiens qui portent leur jeu avant tout physiquement : Romain Duris, dans le rôle du père, est un personnage convaincu des nouvelles mutations du au début, aussi parce que la femme en traitement était déjà en train de changer, il se balance pour être tantôt romantique, tantôt il médite sur la colère et la rapidité des différents. Paul Chircher, le fils, semble d’abord plus intéressé par les situations liées à son âge, mais plus tard il semble totalement fasciné par la nouvelle situation plante-animal. Chircher propose cependant une interprétation totalement physique, plus encore que son père. Voici d’ailleurs les mots du réalisateur à propos de l’acteur : “Il est rare qu’un jeune homme comme Paul Kircher soit présent dans presque tous les plans d’un film qui comporte des scènes d’action, d’émotion, de jour et de nuit, pendant plus de 60 ans. jours… Paul, il a travaillé énormément, avec une grande rigueur.”

Réaliser un film comme celui-ci a demandé un énorme travail d’équipe, avant même le tournage. Tout d’abord pour Paul Kircher, précise le réalisateur « le tournage a été précédé d’un long travail avec un chorégraphe pour explorer son langage corporel, ses mouvements et sa perception du monde qui l’entoure. Il dispose de ressources insoupçonnées. Quelque chose bouillonne en lui, une énergie indomptable, un côté sauvage. “La préparation du film – poursuit le réalisateur – a duré plus de dix mois, en raison de la complexité de la mise en scène. Outre les créatures , la nature du récit est de combiner scènes intimes et spectaculaires. Devoir interagir avec autant de métiers différents (designers, sculpteurs, storyboarders, maquilleurs, animatroniques, etc.) était complètement nouveau pour moi, mais cela s’est avéré fascinant.”

Dernière note que nous consacrons à la création de l’homme-oiseau interprété par Tom Mercier aux connotations à la fois impressionnantes et imaginatives. L’acteur était partiellement maquillé et le reste traité par ordinateur. Comme mentionné, Cailley a fait appel à des designers, de l’animation, des effets visuels avec des prothésistes, des études VFX dirigées par le superviseur Cyrille Bonjean.

LE RÈGNE ANIMAL