2021-2022 | Drama | Chile, France, Germany, Luxembourg, Poland, Ukraine

QUINZAINE a Cannes 2022: Un film étonnant dans les montagnes des Carpates

(par Roberto Tirapelle)

SYNOPSIS

Un village de l’ouest de l’Ukraine, la veille de son carnaval traditionnel. Pamfir rejoint les siens après des mois d’absence. Les liens qui unissent cette famille sont si forts que lorsque Nazar, son fils unique, met le feu à la salle paroissiale locale, Pamfir n’a d’autre choix que de renouer avec son passé trouble afin de réparer l’erreur de son enfant. Il se lance alors dans un trafic risqué qui l’amènera à prendre des décisions aux conséquences irréversibles.

Le premier long métrage de Dmytro Sukholytkyy-Sobchuk, sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs, nous emmène dans l’ouest de l’Ukraine, à la frontière avec la Roumanie, une région méconnue où se côtoient différentes situations: de la contrebande aux fêtes ancestrales. Le réalisateur ukrainien connaît bien la région puisqu’il y avait également tourné un court métrage “Intersection” (2015) sur les trafics illégaux. Et c’est justement sur la contrebande et tous les événements qui en découlent sur les relations familiales que le film se concentre.

Non moins importantes sont les fêtes, en particulier la “Malanka”, dans laquelle chacun porte des masques en fonction de l’apparence avec laquelle il voulait apparaître. Le réalisateur se jette dans ces situations car elles représentent le véritable miroir de la communauté. Le carnaval lui-même est un moment de creuset d’énergies, les gens perdent la rationalité et se perdent dans la folie. Un contexte qui devient un élément de narration et que le réalisateur raconte avec originalité et avec des moyens techniques obscurément splendides aussi bien tournage que photographie, où danger, thriller, noir est toujours à fleur de peau sur tous les personnages.

De la leçon américaine des genres, Dmytro Sukholytkyy-Sobchuk, Ukrainien, s’inspire mais tourne après tout autour des forêts et des villages frontaliers entre l’Ukraine et la Roumanie, une mosaïque minée de trahisons, mais aussi une histoire familiale de dévotion.

(Oleksandr Yatsentyuk)

Le protagoniste, Oleksandr Yatsentyuk, est un personnage très bien dessiné et caractérisé, il a une force physique et idéaliste étonnante, mais aussi la figure féminine de sa femme n’est pas moins importante et dégage une prédominance qui remplit toute la famille.

Film présenté en avant-première à la Quizaine des Réalisateurs de Cannes 2022, on pourrait beaucoup parler de la guerre, très actuelle aujourd’hui, du crime, des traditions. Il y a aussi une trace d’un certain sarcasme : quand Pamfir emmène deux adolescents à la frontière avec la Roumanie pour l’aider à transporter des marchandises, il leur dit “Respirez, il y a de l’air européen !” Perplexes, les frères se regardent.

Sur l’origine du projet Pamfir, une déclaration intéressante de Dmytro Sukholytkyy-Sobchuk:

“Le scénario de  Pamfir  est l’aboutissement d’une évolution dans mon parcours. Mon film de fin d’études, Krasna Malanka, s’attachait à ceux qui préparaient le carnaval de Malanka. Par la suite, j’ai réalisé en coproduction avec la Roumanie un court-métrage documentaire,  Intersection. Ces deux f ilms ont été tournés dans une zone f rontalière méconnue, entre l’Ukraine et la Roumanie. Beaucoup de choses y demeurent «  hors normes  », en particulier la pratique de la contrebande, sur laquelle j’ai recueilli de nombreux témoignages hors champ, au cours des conversations avec des hommes jeunes et moins jeunes qui ont basculé dans le trafic. À travers l’histoire de Pamfir, je voulais au départ aborder la question de l’émigration ukrainienne et du gouff re qui sépare l’Ukraine et l’Union Européenne. Parallèlement, je souhaitais raconter l’histoire d’un homme ordinaire poussé au désespoir, qui, en tentant de préserver son monde idéal, transgresse tout un ensemble de règles morales et de lois. Et qui, au prix de sa vie, offre un avenir meilleur à son f ils. C’est donc l’histoire d’un homme honnête qui devient une bête, mais aussi une histoire d’amour, tendre et cruelle à la fois.”

Biographie:

Dmytro Sukholytkyy-Sobchuk, réalisateur et scénariste ukrainien, est diplômé de l’Université de Kyiv et a participé à la Berlinale Talents, et à la Locarno Film Academy. Il est est également le fondateur de la plateforme de développement ukrainienne Terrarium. En 2018, il s’est distingué avec son court métrage Weighlifter, sélectionné à l’EFA et Grand Prix du Festival Premiers plans d’Angers. Son premier long métrage a été soutenu par la Cinéfondation de Cannes, leTorinoFilmLab et Midpoint.

(Dmytro Sukholytkyy-Sobchuk, cr ph Quinzaine)

Productions : Bosonfilm (Ukraine) et coproduit par Les Films d’Ici (France), Madants (Pologne), Quijote Films (Chili), Mainstream Pictures (Ukraine), Wady Films (Luxembourg), Modérateur Inwestycje (Pologne), Studio Orlando (France) et Soilfilms Media (Allemagne). Les ventes internationales ont été confiées à la société française Indie Sales.

ÉQUIPE: Oleksandr Yatsentyuk (Leonid/Pamfir), Stanislav Potiak (Nazar), Solomiya Kyrylova (Olena), Olena Khokhlatkina (Mère), Myroslav Makoviychuk (Père), Ivan Sharan (Victor)

Scénario Dmytro Sukholytkyy-Sobchuk – Photographie Nikita Kuzmenko – Son Serhiy Stepanskyy, Matthieu Deniau Décors Ivan Mykhailov Montage Nikodem Chabior Musique Laëtitia Pansanel-Garric