Un film de: Nicolas Bedos Avec: Pierre Niney, Isabelle Adjani, François Cluzet, Marine Vacth, Emmanuelle Devos et Laura Morante Sortie le: 1er novembre 2022  Durée: 2h14min

Bedos dans une valse d’aventures sentimentales, escroqueries, glamour et d’un peu de sang.

par Roberto Tirapelle

SYNOPSIS

Adrien, un séduisant danseur à la carrière brisée par un accident de moto, dilapide sa jeunesse dans l’oisiveté de la Côte d’Azur, entretenu par Martha, une ancienne gloire du cinéma. Sa vie bascule lorsqu’il rencontre Margot, fascinante créature qui vit d’arnaques et de manipulations amoureuses. Ensemble, ils vont fantasmer une vie meilleure et mettre en place un stratagème diabolique, une mascarade sentimentale.

(da g. Nicola Bedos, Marine Vacth, Pierre Niney)

Certes Nicolas Bedos a un parcours très éclectique dans le show business: est un dramaturge, metteur en scène, scénariste, réalisateur, acteur et humoriste francais. Et il semble assurément très friand du Festival de Cannes pour avoir été invité à ses trois précédents films – OSS 117 Alerte rouge en Afrique noire, La belle époque – toujours hors compétition.

Revient avec Mascarade, une valse déjantée, une danse qui mélange les riches et ceux qui voudraient le devenir, tissant des aventures amoureuses, des arnaques ludiques, et même un peu de sang. Bedos sait jouer sur le glamour, sur le rythme, sur le paysage, sur le son, les acteurs ayant à sa disposition un casting technique et artistique de grande classe.

La citation d’ouverture de W. Somerset Maugham : “La Côte d’Azur est un endroit ensoleillé pour les gens louches” reflète beaucoup l’arrière-plan du film. Le film se voudrait intrigant, léger et cynique à la fois, et voudrait aime faire un clin d’œil à certaines productions. Hollywood mais il nous est inutile d’évoquer des titres mythiques se déroulant sur la Côte d’Azur. Bedos malgré ses nombreuses références n’atteint pas un mécanisme narratif de haute qualité, surtout parce que les personnages finissent par devenir des caricatures, les les différentes classes sont trop tachetées.

Pourtant, la grâce et la dextérité des comédiens nous amusent : peut-être Pierre Niney et Marine Wacth au top, mais la capricieuse Isabelle Adjani, toujours excellente, et l’autre François Cluzet, Emanuelle Devos, méritent aussi une place à part. Une longueur plus maîtrisée pourrait lui offrir plus d’occasions.

Précisons que le décor court entre Nice et Cannes, et explore les angles de la Promenade des Anglais et du Negresco, avec des intérieurs et des extérieurs. Un peu de luxe fait du bien à tout le monde, parfois même au cinéma.

(da g. Isabelle Adjani, Nicola Bedos)

Quelques déclarations par Nicolas Bedos:

COMMENT RÉSUMER MASCARADE?

“Je ne suis pas doué pour ça, d’autant que c’est l’adaptation du livre que j’ai vainement tenté d’écrire pendant 1 an et qui relatait de façon très romancée une période assez navrante de ma vie, vers l’âge de 23 ans, quand je me noyais dans l’oisiveté et l’argent des autres. Disons que c’est l’histoire d’un paumé entretenu par des femmes plus âgées et qui va tomber raide dingue d’une paumée entretenue par des types plus âgés, leur aventure débouchant sur une vaste manipulation amoureuse.

C’est aussi l’histoire d’une guerre sourde entre les sexes et les générations. Et puis c’est le portrait très subjectif que je voulais faire de la Côte d’Azur, dont le nom s’associe dans mon esprit aussi bien à Francis Scott Fitzgerald et l’excentricité d’une élite décadente qu’à l’omniprésence, il y a peu, des oligarques russes, leur magnum de champagne au soleil et leur compétition de vulgarités immobilières.”

NE PAS OUBLIER UN PERSONNAGE ESSENTIEL: LA CÔTE D’AZUR !

“Et ce n’est pas innocent si j’ouvre le film sur des plans d’un Nice très urbain, assez peu exotique. J’ai volontairement demandé à ce que le drone survole des zones en construction, qu’on entende des klaxons… J’annonce par-là que le programme ne consistera pas essentiellement à exploiter l’aspect glamour de la région. Pour y avoir travaillé en tant qu’auteurassocié au théâtre national de Nice, et pour y vivre désormais une grande partie de l’année, je pense pouvoir dire que je connais bien cette région. J’en connais l’histoire brillante, celle des artistes majeurs (Picasso, Chagall, Matisse, Nicolas de Staël), mais aussi celle de la corruption, du racisme, du repli sur soi. Aujourd’hui, une nouvelle génération s’emploie à refaire de cette région le joyau qu’elle était.

Dans le livre, m’appuyant sur le dossier très détaillé que m’avait rédigé un ami promoteur, je racontais la lente défiguration de Cagnes-sur-Mer, un village médiéval sublime dont il reste quelques merveilles mais que le béton, tel un serpent, est venu étrangler. D’ailleurs, si vous regardez bien, la villa de Martha est surplombée par deux immeubles dégueulasses. Elle s’imagine vivre sur la Riviera d’Hitchcock, de Fitzgerald et de Cocteau, mais la réalité menace. MASCARADE est à cette image : les personnages se racontent une vie, un amour, une histoire.”