avec Charlotte Le Bon, John Robinson,  Damien Bonnard

Année de production : 2023 – Pays : France – Durée : 98 minutes – Date de sortie : 09.10.2024 – Cannes 2024 Un Certain Regard

par Roberto Tirapelle

Début de réalisation de Céline Sallette avec un biopic sur Niki de Saint Phalle, un voyage du silence aux cris jusqu’à l’art, un parcours pédagogique qui sied parfaitement à Charlotte Le Bon, avec le physique et la matière.

SYNOPSIS
Paris 1952, Niki s’est installée en France avec son mari et sa fille loin d’une Amérique et d’une famille étouffantes. Mais malgré la distance, Niki se voit régulièrement ébranlée par des réminiscences de son enfance qui envahissent ses pensées. Depuis l’enfer qu’elle va découvrir, Niki trouvera dans l’art une arme pour se libérer.

Céline Sallette est actrice de cinéma et de théâtre et également réalisatrice de son premier film « Niki ». Elle s’est révélée dans « L’Apollonide : Souvenirs de la maison brothe » de Bertrand Bonello, présenté en compétition à Cannes en 2011 et a reçu le César du meilleur espoir féminin en 2012. Elle a également remporté le Prix Lumière du meilleur espoir féminin en 2012.

Et elle est aujourd’hui l’une des actrices phares du cinéma français de ces dix dernières années. Il a travaillé avec des réalisateurs de premier plan comme Jacques Audiard et Costa-Gavras. Puis Tony Gatlif, André Téchiné, Cédric Jimenez, et ainsi de suite jusqu’au récent « Les Algues Vertes » de Pierre Jolivet, à la présence déterminée.

(à gauche Charlotte Le Bon, à droite John Robinson)

Il signe désormais « Niki » présenté à Cannes 2024 dans la section Un Certain Regard, un biopic sur Niki de Saint Phalle. Les films biopics sont toujours difficiles à réaliser et pas toujours bien vus par la critique, mais « Niki » représente un résultat d’un grand intérêt.

La première séquence, Niki jouant le rôle d’un mannequin à photographier, et la dernière, dans laquelle Niki tire avec un fusil pour créer un tableau aux cheveux courts, sont les deux scènes qui lient l’histoire du film, un voyage d’une dizaine d’années ( 1952-1961) au cours de laquelle Niki retrouve le souvenir de l’inceste qu’elle a subi, ressuscite et se révèle à travers l’Art.

Céline Sallette s’intéresse beaucoup à raconter le contexte dans lequel Niki grandit : elle enquête d’abord sur sa personnalité en crise à cause de la douleur et d’une expérience difficile à avouer, puis sur l’accompagnement par le soutien de son mari dans un hôpital psychiatrique où elle vit cruauté des électrochocs, et en essayant de limiter son instinct créatif. Cependant, la reconnaissance artistique devra parcourir un chemin difficile car il existe un manque de confiance envers les femmes de cette époque qui ne leur permet pas d’être rapidement reconnues. Elle trouvera toujours un certain soutien auprès de ses deux maris, le premier Harry Mathews, écrivain américain et Jean Tinguely, sculpteur et peintre suisse. A terme, elle sera reconnue dans le monde entier comme plasticienne, artiste peintre, graveuse, sculptrice et réalisatrice de films franco-américain naturalisée suisse.

(à gauche Damien Bonnard, à droite Charlotte Le Bon)

Acteurs

Charlotte Le Bon (elle s’appelle Niki de Saint Phalle), actrice, réalisatrice, artiste, animatrice de télévision et mannequin québécoise, porte tout l’effort du film. Charlotte est métaphore et magie, elle travaille avec une performance de la peau, comme des objets, de la physique et de la matière. Elle est aussi mélancolique ou explose de colère, elle a dans son regard le fil rouge qui unit une diva de l’âge d’or d’Hollywood à celui d’une actrice contemporaine. Il offre au spectateur une chaleur émotionnelle et une hystérie glaciale qui ensemble apportent feu et frissons. Comme le déclare le réalisateur : « Je veux connaître un seul nom, pas un scénario ou un maquillage pour la première séquence qui présente le mannequin Niki. Charlotte se maquille quand et comme elle le souhaite, souvent sans rien sur la peau. Cela apporte à l’image une crudité si belle.” Enfin, Charlotte Le Bon ressemble beaucoup physiquement au personnage qu’elle incarne et a également des affinités artistiques avec Niki de Saint Phalle, en effet elle est illustratrice et street artiste dans les rues de Paris et dans la prison américaine de Rikers Island. Une interview accordée au New York Times en marge d’une de ses expositions en 2016 a été très significative pour les réflexions sur le film : “”Mes personnages sont toujours seuls… Ils reflètent une forme d’isolement poétique” (19 septembre 2016) . C’était une exposition parisienne qui exprimait un mélange de mélancolie et d’espoir.

Damien Bonnard (Jean Tinguely, son deuxième mari) et John Robinson (Harry Matthews, son premier mari) sont deux acteurs aux longues carrières et incarnent deux personnages très progressistes. Judith Chemla, c’est Eva Aeppli qui lui apporte un soutien notable dans son art, elle-même peintre et sculpteur suisse. Judith Chemla a également une carrière théâtrale et cinématographique très remarquable.

Photographier

 Victor Seguin est le célèbre directeur de la photographie et a beaucoup travaillé avec le réalisateur pour suivre les différentes phases du parcours de Niki. Selon Sallette : « De même Niki passe de l’amnésie à la conscience, de l’asservissement à la révolte, de l’affirmation à la libération, en voulant passer du gris aux couleurs éclatantes. » Différentes couleurs étaient utilisées dans les souvenirs pour refléter l’intensité ou le traumatisme. “Dans la mesure où les couleurs apparaissent de plus en plus dans le lieu du film, Niki devient elle-même.”

Décors et costumes

La décoratrice Rozenn Le Gloahec a réalisé un travail important. La multiplicité des décorations était un défi. Même en décoration comme en photographie, ils sont passés du monochrome au plus coloré. Les costumes de Marion Moules et Matthieu Camblor ont également dessiné les passages de Niki, des années 1950 aux plus extravagants.

Musique et son

La musique de Para One, essentiellement un D.J. mais aussi compositeur et producteur, ce fut une clé pour comprendre sa transformation artistique. Il utilisait beaucoup une trompette avec des sons de cuivres. Pour le son le travail de Jean Pierre Duret, (ingénieur du son) et Stéphane Thiébaut (mixeur) ont été déterminants.

“NIKI” un film réalisé par Céline Sallette

Scénario Céline Sallette – Samuel Doux – Produit par David Gauquié et Julien Deris – Producteur pour Onzecinq Jalil Lespert

Produit en association avec Alexandre Mattiussi – Producteur pour Cinéfrance Studios Jean-Luc Ormières

1ère Assistante Réalisatrice Elodie Roy – Directrice de Casting Elodie Demey – ARDA – Directrice de Production Cécile Remy-Boutang

Directeur de la Photographie Victor Seguin A.F.C – Chef opérateur du Son Jean-Pierre Duret – Costumes Marion Moulès et Matthieu Camblor – Décors Rozenn Le Gloahec – Montage Clémence Diard – Assistée de Alexis Noël – Chef monteur son Paul Heymans – Mixeur Stéphane Thiébaut

( cr. ph. Wild Bunch Distribution)