Avec
Daniel Auteuil, Emmanuelle Devos, Matthieu Galoux, Jeanne Cherhal, Louise Chevillotte
par Roberto Tirapelle
Joachim Lafosse raconte l’histoire d’une famille confrontée aux flashs lumineux, à la police, dans la pénombre du silence. Des acteurs charismatiques, le nouveau visage de Matthieux Galoux.
Synopsis
Silencieuse depuis 25 ans, Astrid la femme d’un célèbre avocat voit son équilibre familial s’effondrer lorsque ses enfants se mettent en quête de justice.
Le dixième long métrage du réalisateur et scénariste belge Joachim Lafosse, “Un silence” est dans les salles françaises, tout droit sorti du 71e Festival de San Sebastian où il a remporté la Coquille d’argent en 2015 avec “Les Chevaliers blancs”, mais il a également présenté ce dernier film au Festival du Film de Rome 2023 où il a remporté le Prix du Meilleur Réalisateur. Cependant, depuis son court métrage de fin d’études “Tribu” en 2001, qui a remporté de nombreux prix, ses films ont remporté de nombreux prix en participation à des festivals, lui valant de nombreuses références.
Ses préférences dans sa filmographie se concentrent sur la sphère privée des individus et ses limites dans le contexte social, comme “Folie privée”, “Nue proprieté”, “Élève libre”.
Astrid (Emmanuelle Devos) mesure ses paroles à la maison depuis 25 ans. Elle soutient son mari avocat François (Daniel Auteil) qui, comme on le voit au début du film, est toujours sous le feu des médias en raison d’un procès difficile. En même temps, l’avocat doit freiner ses pulsions dangereuses, qui pourraient lui faire perdre sa renommée. Fermant le portrait bourgeois, Raphaël (Matthieu Galoux), le fils des deux, également confronté au silence, et la fille mais elle est à l’écart, à l’extérieur de la maison, et affronte le silence à la recherche de nouvelles.
Le film retrace l’histoire de l’affaire Hissel, l’avocat qui a défendu la famille des parents de Julie et Melissa, les petites filles victimes de Marc Dutroux, un agresseur d’enfants.
Il nous semble que le personnage le plus important du film est Astrid, on la voit dès le premier plan et on la voit aussi dans le dernier. D’ailleurs, même le réalisateur semble être du même avis : “nous avons simplement essayé, Emmanuelle et moi, d’observer, de comprendre, de ressentir nos échecs, nos échecs, nos peurs, notre incapacité à perdre, à prendre le risque, de perdre en question l’ordre établi”.
Lafosse prend des distances équidistantes et sans jugement sur tous les personnages et en ce sens il est très bon car il y a une vérité des processus, une vérité des médias, une vérité en chaque être humain.
Lafosse, aidé de son chef opérateur, ne semble pas avoir cherché à faire sentir aux personnages le poids de la mise en scène, il était très sobre, comme si l’on ne sentait pas la caméra. Il a déclaré que “tout est filmé en Dolly qui à mes yeux est plus discret que le Steadycam, moins tape-à-l’œil”.
Le décor a été construit à Metz et une maison importante a été trouvée pour tourner le film car elle devait avoir de grands espaces, de hauts plafonds, et ainsi représenter une certaine haute bourgeoisie. En fait, les plans restent dans la plupart des cas entre la maison et le jardin, ou se déplacent à l’intérieur des voitures respectives. Le réalisateur déclare: “J’ai souhaité filmer cette bourgeoisie qui ne déborde jamais”….”Le décor que j’ai choisi est un espace qui laisse assez peu arriver le souffle de la révolte.”
La musique joue également un rôle très important: le réalisateur a commandé au musicien Olafur Arnalds, avec qui il avait travaillé dans “Les Intranquilles” et influencé par l’école islandaise d’Arnalds et Johan Johansson, ainsi qu’à deux jeunes compositeurs Hania Rani et Meredi, dans ajout à la composition du TEPR.
Que dire des acteurs: Daniele Auteuil et Emmanuelle Devos sont deux icônes du cinéma français, ils ont eu le courage de tout intérioriser. Pour la première fois à l’écran Matthieu Galoux, un nouveau visage bien défini entre ombres et lumières.
Un film sur la honte et le silence, mais le silence ne doit pas être jugé, et selon les belles paroles de Lafosse “derrière toute personne silencieuse, il y a une épreuve, une difficulté à dire, une fragilité”.
UN SILENCE Un film de Joachim Lafosse
Pays: France, Belgique. – 99min. – 2023. Sortie en France le 10-01-2024
Producteurs: Stenola Productions, Samsa Film, Les Films Du Losange, Prime Time
Co-producteurs: RTBF (Télévision Belge) Proximus, Voo & Betv, France 3 Cinéma
Distribution France: Les Films du Losange
Ventes à l’international: Les Films du Losange
Scénario: Joachim Lafosse, Thomas Van Zuylen • Co-scénaristes Chloé Duponchelle, Paul Ismaël • Collaboration au scénario Sarah Chiche, Matthieu Reynaert, Valerie Graeven
Directeur de la photographie: Jean-François Hensgens A.F.C. – S.B.C.
Montage: Damien Keyeux
Son: Alain Goniva
Mixage: Thomas Gauder
Décors: Anna Falguères
Costumes: Isabel Van Renterghem, Judith de Luze