1h41 | France-Italie | le 25.12.2024
Avec: Guillaume Canet : Louis XVI – Mélanie Laurent : Marie-Antoinette d’Autriche
Aurore Broutin : Élisabeth – Hugo Dillon : Henri – Tom Hudson : Manuel – Roxane Duran : Madame de Lamballe – Anouk Darwin Homewood : Marie-Thérèse – Vidal Arzoni : Louis-Charles de France, Dauphin – Fabrizio Rongione : Cléry
par Roberto Tirapelle
SYNOPSIS: 1792, l’Ancien Régime touche à sa fin. À Paris, Louis XVI et son épouse Marie-Antoinette sont arrêtés et conduits au donjon de la Tour du Temple. Librement inspiré des carnets de Cléry, valet de chambre du Roi resté auprès de lui jusqu’à sa mort.
Gianluca Jodice, face au détrônement de Louis XVI et de Marie-Antoinette, raconte leurs derniers jours. Les deux grands acteurs interprètent l’irruption de l’histoire sur leur peau.
Gianluca Jodice, réalisateur napolitain diplômé en philosophie, est un passionné d’histoire et signe avec « Le déluge » son deuxième long métrage. Le premier était « Le mauvais poète » sur les dernières années de la vie de Gabriele D’Annunzio. Au début des années 2000, il réalise quelques courts métrages et entre 2015 et 2017 quelques documentaires (« Cercando la grande bellezza » sur le film de Paolo Sorrentino) et quelques séries.
« Le déluge » raconte la dernière période de l’histoire de Louis XVI et de Marie-Antoinette, culminant avec la guillotine des deux. Le cinéma s’est beaucoup intéressé à la Révolution française avec une vaste filmographie remontant à 1912 avec « L’Affaire du collier de la reine », court métrage muet de 1912 réalisé par Camille de Morlhon. Plus de soixante films ont suivi, et pour arriver aux années récentes, on peut signaler « La Révolution française » de 1989 réalisé par Robert Enrico et Richard T. Heffron à l’occasion du bicentenaire de la révolution, sorti en deux parties. Ou le film de Sofia Coppola de 2006 « Marie Antoinette », plus inhabituel que d’autres mais comportant quelques erreurs historiques, ou tout aussi intéressant le film de Benoît Jacquot de 2012 « Les Adieux à la Reine », présenté au Festival de Berlin. « Le déluge » a été présenté au Festival du Film de Locarno.
En fait, la période des derniers jours de la famille royale est assez méconnue et Jodice s’est passionnée pour approfondir le sujet. Tout est parti d’un texte qui raconte le procès de Louis XVI avec les questions et les accusations des révolutionnaires et sa défense. Il y a ensuite le journal de prison du valet de chambre du roi, Cléry, qui resta aux côtés du roi jusqu’à la fin. Il s’agit d’un journal analytique de la vie quotidienne des membres de la famille royale, de leurs enfants et du reste de la cour. Il a étudié ce qu’ils mangeaient et comment ils mangeaient (ils en sont même arrivés à manger avec leurs mains), comment ils passaient leur temps.
Il faut dire que Jodice réussit très bien à prendre une photographie progressiste du déclin des royautés : il s’agit non seulement de la fin d’une époque, d’un acquis politique et social, mais surtout du déclin des corps. Jodice dit : “La douleur du roi et de la reine, pour moi, n’est pas le thème principal. Le plus important, c’est le traumatisme, le vertige, l’irruption de l’histoire qui submerge tout le monde, et personne n’est jamais vraiment prêt.”
Louis XVI apparaît toujours confiant dans son destin, il a une sorte de nuage protecteur, tandis que Marie-Antoinette est plus désenchantée et reste toujours déterminée. Louis fait un effort pour converser avec les révolutionnaires, bien que de manière inappropriée. Marie-Antoinette devient plus amère après la visite horrible de sa dame d’honneur.
Acteurs/Actrices
Guillaume Canet est Louis XVI. L’acteur, réalisateur, scénariste et producteur a une immense carrière cinématographique, des prix et des nominations notables. Pour lui assurer un physique semblable à celui de Louis XVI, on lui affuble de prothèses et d’un costume matelassé, une transformation qui nécessite pas moins de 4 heures de travail chaque matin. Il n’y a pas beaucoup de dialogue dans le film, ce qui compte ce sont les mouvements du corps, les grimaces, le ralenti de l’opulence. Il se retrouve à travailler avec Mélanie Laurent sept ans après « Mon garçon ».
Mélanie Laurent est Marie-Antoinette. Actrice, réalisatrice, scénariste et chanteuse, Laurent mène également une brillante carrière dans tous les domaines du divertissement : cinéma, télévision, séries, clips, publicités, voix-off, réalisatrice, comédienne de doublage, théâtre, chanteuse. Et d’innombrables récompenses et nominations. Nous avons déjà expliqué comment la réalisatrice a construit son interprétation et maintenant, en lisant quelques déclarations de l’actrice elle-même, nous pouvons mieux comprendre l’évolution du rôle. Ses premières impressions furent les suivantes : « J’ai été très séduit par l’originalité de la structure et par la dimension cinématographique très présente du décor. » Elle prétend connaître peu de choses sur son histoire et s’appuie sur un livre important de Stefan Zweig sur Marie-Antoinette. L’auteur (Zweig) avait beaucoup d’empathie pour cette femme. L’actrice déclare : « On ne peut s’empêcher de s’inquiéter pour une femme qui ne parlait pas français et qui se retrouvait mariée à l’un des rois incapables de gouverner un pays. » … « elle n’était pas consciente de la gravité de la situation ». Son interprétation est en évolution avec les événements de ces jours-là. Après tout, le film est divisé en catégories suivantes : Les dieux, Les hommes et Les morts. Le changement de son rôle devient apparent lorsque les révolutionnaires lui montrent la tête coupée de la princesse de Lamballe, dame d’honneur de la reine. Déjà dépouillée de vêtements et de bijoux, nous arriverons à deux moments intenses : la scène de viol perpétrée par le capitaine, non incluse dans le récit de Zweig, très stylisée et en même temps sensuelle, et celle dans laquelle elle urinera devant tout le monde , se dépouillant de tous les symboles. .
Pour les seconds rôles, nous soulignerons des acteurs aux carrières très significatives comme Aurore Broutin dans le rôle d’Elisabeth, la sœur du Roi ; Roxane Duran qui incarne Madame de Lamballe qui connaissait déjà Mélanie Laurent pour avoir travaillé sur son film « Respire » ; Fabrizio Rongione qui incarne le rôle de Cléry, le valet du roi ; Et Anouk Darwin Homewood qui est la fille de Marie-Thérèse, une jeune actrice très prometteuse.
Techniques
Le scénario du film a été écrit par le réalisateur lui-même avec la participation de Filippo Gravino qui est un excellent scénariste. Il nous semble cependant que, par endroits, le texte n’est pas à la hauteur du film. La photographie a été confiée à Daniele Ciprì, un grand directeur de la photographie et réalisateur, qui a fait un beau travail avec des clichés très bien choisis et un pastel de couleurs mesuré. Le design a été conçu par Tonino Zera qui exprime le déclin douloureux de la cour. Très intéressante est la bande-son aux tons classiques de Fabio Massimo Capogrosso qui trouve un écho chez le fils de Pierre-Yves Lavoué.
Le Déluge
Réalisation : Gianluca Jodice
Scénario : Filippo Gravino et Gianluca jodice – Premièr assistant réalisateur : David Maria Putortì
Décors : Tonino Zera – Costumes : Massimo Cantini Parrini – Photographie : Daniele Ciprì – Musiques: Fabio Massimo Capogrosso – Son: Pierre-Yves Lavoué. – Production : Matteo Rovere et Andrea Paris (Ascent Films)1 – Coproduction : Yann Zenou (Quad Films)1
Production associée : Paolo Sorrentino2 – Sociétés de production : Ascent Film, Quad Films et Rai Cinema
Société de distribution : Memento Distribution (France)
(Cr Ph Memento Distribution; Fabio Lovino; Stefano Delia)