(cr ph © 2022 20th Century Studios)
Un film sur le cinéma et sur la salle de cinéma, qui plaira aux Cinéphiles. Olivia Colman, interprète mémorable.
par Roberto Tirapelle
SYNOPSIS:
Hilary est responsable d’un cinéma dans une ville balnéaire anglaise et tente de préserver sa santé mentale fragile. Stephen est un nouvel employé qui n’aspire qu’à quitter cette petite ville de province où chaque jour peut vite se transformer en épreuve. En se rapprochant l’un de l’autre, ils vont apprendre à soigner leurs blessures grâce à la musique, au cinéma et au sentiment d’appartenance à un groupe…
Du grand réalisateur, producteur, scénariste et acteur primé Sam Mendes, vous pouvez vous attendre à tout. Et le voilà, après des films très chargés d’adrénaline (Skyfall, 2012, et Spectre, 2015) et un blockbuster historique (1917), il réalise Empire of Light, un mélo sentimental et dramatique qui plaît d’abord aux cinéphiles et qui est assurément un moment élégant dans l’histoire de sa biographie et de sa carrière artistique.
Dans sa filmographie on trouve certes des produits assez similaires (Revolutionary Road, 2008 ; American Life, 2010) mais Empire of Light est celui qui se rapproche le plus de la mémoire du cinéma et de ses rêves. Ceux qui ne sont pas cinéphiles, mais surtout ceux qui n’ont pas travaillé dans le cinéma, gérant une salle ne peuvent comprendre le sens de certaines séquences et objets cultes : les films déchargés du fourgon et emmenés dans la cabine du projectionniste. Souvent à cette époque, à la veille de la mise en place des cinéforums et cinéclubs (aujourd’hui presque tous disparus du moins en Italie), le régisseur allait chercher les films à la gare ou même chez le collectionneur.
Voici une déclaration de Sam Mendes:
“Pour la plupart des gens, la période la plus formatrice est l’adolescence. Pour moi, c’était la fin des années 70 et le début des années 80 – la musique, les films, la culture pop de cette période ont généralement façonné qui j’étais. C’était une période incroyable de bouleversements politiques au Royaume-Uni, avec beaucoup de politiques raciales très incendiaires, mais en même temps, une période incroyable pour la musique et pour la culture en général – très créative, très politisée, très énergique. EMPIRE OF LIGHT lui-même, cependant, est un film presque entièrement né de la pandémie. Le confinement a été une période d’intense examen de conscience et de réflexion pour nous tous. Et pour moi, cela signifiait commencer à affronter ces souvenirs avec lesquels je me débattais depuis l’enfance. C’était l’incitation à écrire – pour explorer ces souvenirs et voir si je pouvais débloquer quelque chose d’intéressant.”
Le cinéma “Empire” du film est positionné sur le front de mer de la côte anglaise, il avait autrefois quatre cinémas mais dans le décor du film il n’en reste plus que deux. C’est aussi la période historique où les tensions sociales sont actives et où le racisme revient également. Sam Mendes utilise l’espace du cinéma “Empire” pour construire les histoires des personnages : pas seulement pour les protagonistes principaux Hilary (Olivia Colman), qui sort d’une dépression et Stephen (Michael Ward), le dernier recrue noir qui rêve de changer sa vision en quittant cette ville. Mais aussi pour Donald Ellis (Colin Firth), propriétaire de cinéma, figure ambiguë, rôle très secondaire pour le célèbre acteur, le personnel du cinéma, et pour Toby Jones, l’ancien projectionniste, personnage mélancolique et résigné.
Outre la mémoire du cinéma, dont on évoquera désormais aussi les films projetés dans l’Empire, le film repose entièrement sur la performance d’Olivia Colman, encore une fois mémorable bien qu’elle n’ait aucune nomination aux Oscars ces jours-ci : avec un visage qui reflète la fragilité et le mal-être, visites chez le médecin, cours de danse, sexe libérateur, il fait irruption dans une avant-première en saisissant le micro et en citant un poème d’Auden, les services sociaux l’emportent.
Sur Olivia Colman, Mendes commente : « Olivia est très disponible et ouverte, mais aussi quelque peu mystérieuse. Pour moi, c’est ce qui la rend si incroyable, ainsi que son incroyable capacité.”
De la cabine du projectionniste, on peut entrevoir des films non aléatoires : Les Chariots de feu (Chariots of Fire, 1981), Bienvenue Mister Chance (Beyond the Garden, 1979), Raging Bull (Raging Bull, 1980) et d’autres. Avec ce film, Mendes rend hommage à sa mère qui souffrait d’une maladie mentale assez similaire à celle du protagoniste.
L”Empire of Light”, c’est-à-dire celui que les films propagent ne suffit pas à éclairer le couchant d’une époque. Mendes écrit une histoire sur l’esthétique d’une architecture du passé, une évolution sociale du cinéma, et se revendique toujours comme un grand créateur, car il est aussi le scénariste du film.
Empire of Light ( Etats-Unis/Grande-Bretagne 2022, drame, 113 min)
Starring:
Olivia Colman, Micheal Ward, Tom Brooke, Tanya Moodie, Hannah Onslow, Crystal Clarke, with Toby Jones and Colin Firth.
Written and Directed by………………………………………………………………………………………….. Sam Mendes
Produced by…………………………………………………………………….. Pippa Harris p.g.a., Sam Mendes p.g.a.
Executive Producers………………………………………………………………………… Michael Lerman, Julie Pastor
Co-Producers…………………………………………………………………………………………….Celia Duval, Lola Oliyide
Director of Photography……………………………………………………………………………Roger Deakins ASC, BSC
Production Designer………………………………………………………………………………………………. Mark Tildesley
Costume Designer………………………………………………………………………………………………. Alexandra Byrne
Editor……………………………………………………………………………………………………………………. Lee Smith, ACE
Music by………………………………………………………………………………………….Trent Reznor and Atticus Ross
Hair and Make-Up Designer……………………………………………………………………………………. Naomi Donne
Music Supervisor……………………………………………………………………………………………………..Randall Poster
Sound Mixer……………………………………………………………………………………………………………. Stuart Wilson
Casting by…………………………………………………………………………………………………………………….. Nina Gold
(Au cinéma Les Arcades, Cannes)