Année de production 2023 – Sortie en France 06/11/2024 – Durée 1h 48m

Avec: Alexandra Lamy : Louise Violet – Grégory Gadebois : Joseph – Jérôme Kircher : Thermidor – Jérémy Lopez : Rémi – Patrick Pineau : Père Francis – Annie Mercier : Marthe

par Roberto Tirapelle

L’éducation comme base du progrès, tel est le nouveau thème abordé par le réalisateur Éric Besnard dans « Louise Violet ». Récité à voix basse et à haute voix par ses grands interprètes.

 SYNOPSIS: Envoyée dans un village de la campagne française, l’institutrice Louise Violet a pour but d’y imposer l’école de la République (gratuite, obligatoire et laïque). Une mission qui ne la rend populaire ni auprès des enfants… ni auprès des parents.

Éric Besnard signe son neuvième long métrage. En tant que réalisateur, on le connaît surtout pour ses films les plus réussis, comme « Le Goût des merveilles » (2015), une comédie romantique qui comporte également de nombreuses références à la cuisine. « L’Esprit de famille » (2020) et « Les Choses simples » (2023) étaient également intéressants. Il a également été réalisateur d’un film très stimulant « Délicieux » (2021) qui concernait historiquement le thème culinaire et contenait également d’autres mérites comme la richesse des costumes et des décors. En effet, il a également remporté deux Césars 2022.

Dans le cas de « Louise Violet », cela aurait pu être l’occasion de se démarquer par rapport à tous les autres films de sa carrière, non seulement par l’implication historique que le film a, comme point de référence pour une période très spécifique – 1889, le La République vient de rendre l’école obligatoire, mais pour les implications sociales qu’elle comporte : la lutte des classes, l’élan progressiste vers le progrès, l’utopie d’un changement qui se fraye un chemin entre tradition et fatalisme.

Pour mettre en scène tout cela, Éric Besnard s’est appuyé sur un casting de haut niveau et une équipe technique qui ont rendu sa vision plus facile et digne d’appréciation.

(de la gauche, Alexandra Lamy et Grégory Gadebois)

Comme nous l’avons dit, l’histoire de Violette se déroule en 1889, année où l’école républicaine devient gratuite, obligatoire et laïque. L’institutrice est envoyée dans un village rural où elle doit imposer les bases de la matière à apprendre à une population absolument conservatrice et surtout pleine de méfiance. Les habitants du tout petit village, qui compte pourtant un certain nombre d’enfants, se consacrent pour la plupart à l’agriculture et voient l’éducation comme une distraction totale pour leurs enfants qui doivent les aider aux travaux des champs. Le travail de Louise est donc doublement exigeant.

Le film est évidemment important car il ne doit pas seulement appartenir aux années dans lesquelles il se déroule mais deviendra la base de l’accès à l’éducation et de l’amélioration des nouvelles générations. Très pertinent encore aujourd’hui. Besnard aurait pu avoir une manière de filmer plus innovante, c’est toujours un style très classique, cependant c’est un film qui a de la force et le sujet a de l’impact.

Les sources dont le réalisateur s’est inspiré sont assez intéressantes : j’ai lu ce que j’ai trouvé, mais il y en a peu, notamment concernant les femmes. Il existe une documentation assez abondante sur les maîtres de l’entre-deux-guerres, surtout grâce aux travaux menés par l’historienne Mona Ozouf et je me suis dit qu’il y avait beaucoup de points communs concernant l’histoire des maîtres de l’entre-deux-guerres. Les conditions de vie et les mentalités entre ces deux époques étaient assez similaires. J’ai aussi lu des romans du genre comme La terra di Zola, un ouvrage plein d’enseignements sur le monde paysan de la fin du XIXe siècle.

(à gauche Éric Besnard)


Acteurs

Alexandra Lamy dans le rôle de Louise Violet. Une carrière de grande envergure derrière lui, cinéma, télévision, théâtre, reportage. Elle était le visage et le cœur adéquats pour le rôle d’enseignante, à la fois gentille et déterminée, elle se bat et enseigne pour ses idéaux, souvent silencieuse mais dialogue de manière incisive quand elle doit le faire, elle apporte toujours avec elle une lumière de tempérament et d’interprétation. Besnard a dit :  “Alexandra est une actrice explosive qui a fait pratiquement toute sa carrière dans la comédie, il fallait surtout retenir ce qui vibre en elle, cette énergie qu’elle a, tout en lui laissant exprimer ce que Louise a vécu et qui est latent, enfermé : la violence de la Commune, la douleur liée à la perte d’êtres chers, la colère, la rage, bref le feu sous la glace. Cela a été un vrai plaisir de lui confier ce rôle dramatique”.


 Grégory Gadebois est Joseph. Gadebois est aussi un acteur du plus haut niveau et avec une immense carrière. Il joue le rôle du maire du village, le personnage principal qui tente de résister au progrès. Solidement lié à ses traditions, il interprète la force de la figure féminine de Louise avec la juste bourruerie. C’est l’acteur fétichiste de Besnard, il l’avait déjà engagé pour ses autres films. Besnard déclare: “Il est unique ! C’est très impressionnant. Je n’ai pas d’autres exemples que lui d’ailleurs. Il a cette humilité qui semble relever du complexe d’infériorité mais qui cache en fait un extraordinaire observateur du genre humain.” Gadebois e Besnard sono riusciti a plasmare un personaggio complesso: dominante, decisionale e violento però è anche sensibile.

Jérémy Lopez est Rémi. C’est un grand acteur à la Comédie-Française et en dehors aussi. Le réalisateur avait déjà travaillé plusieurs fois avec Lopez. Rémi représente le plus fervent partisan du conservatisme car il se sent comme un agriculteur qui n’a pas de succès. Une interprétation très forte qui convient aussi bien au rôle qu’à son métier de comédien.

Il faut aussi rendre hommage à Besnard pour le travail qui a été réalisé pour suivre les saisons avant et pendant la production. Parce que le film parle de la terre et suivre le cycle de la terre était essentiel. Besnard dit : « Il fallait que je fasse vivre les saisons. » De la récolte du printemps, aux châtaignes, au soleil, aux prairies. Et avec les techniques de l’époque. Le film a été tourné dans le Puy-de-Dôme, puis dans le hameau de Chalencon en Haute-Loire, où se trouve non loin le pont du Diable. Elle a également lieu à Tiranges pour une ancienne ferme des Cerces, dans les monts du Cézallier et à Saint-Pierre-du-Champ.

(cr ph David Koskas – Nord-Ouest Films)

Louise Violet un film de Éric Besnard

Scénario : Éric Besnard
Musique : Christophe Julien
Décors : Bertrand Seitz
Costumes : Madeline Fontaine
Photographie : Laurent Dailland
Son : Fabien Devillers, Alexandre Fleurant, Dominique Lacour et Matthieu Michaux7
Montage : Lydia Decobert
Production : Philip Boëffard et Christophe Rossignon
Co-production : Patrick Quinet
Production associée : Pierre Guyard
Production exécutive : Ève François-Machuel7
Sociétés de production : Nord-Ouest Films, en coproduction avec Apollo Films, Artémis Productions, Auvergne-Rhône-Alpes Cinéma, France 3 Cinéma, Studiocanal7
Sociétés de distribution : Apollo Films/Studiocanal9 (France) ; A-Z Films (Québec), Cinéart (Belgique), Pathé Films AG (Suisse romande)