Pays de production: France – Durée 103 minutes – 2025
avec Léa Drucker – Benjamin Lavernhe
editée par Roberto Tirapelle
“Festival de l’Alpe d’Huez – 2025 – Prix d’interprétation masculine pour Benjamin Lavernhe” – “Reims Polar – 2025 – Film de Clôture”
Michel Leclerc aborde le féminisme et le patriarcat avec humour, douceur et quelques touches d’agressivité dans son dernier film. Les deux protagonistes sont deux lions de la scène et savent mélanger les genres. Vincent Delerme joue et chante.

Michel Leclerc, scénariste et réalisateur français, a une belle carrière qui comprend huit longs métrages qui traitent de sujets de société actuels, presque toujours accompagné à l’écran par Baya Kasmi. Il a débuté avec « Le Nom des gens » (2010), une comédie romantique et politique sur l’identité, notamment le mouvement baba-cool, un hippie français. Puis un film sur l’école « La Lutte des classes » (2019) qui raconte l’histoire d’une famille avec des professions de parents très différentes et donc une estime différente entre l’école publique et l’école privée. Enfin “Les Goûts et les Couleurs” est une autre comédie française qui, sur fond musical de deux chanteuses, crée un discours sur le classisme.
Avec “Le Mélange des genres” , le réalisateur aborde l’un des sujets les plus frontaux de ces dernières années : le féminisme #metoo et l’homme post-patriarcal. Voici ce que Leclerc en pense pour commencer: “Tout mon travail, dans tous mes films, a toujours consisté à lutter contre l’assignation identitaire, quelle qu’elle soit, de par l’origine, le nom, ou autre….” Le #metoo: “D’un côté, c’est un mouvement que je soutiens de tout mon cœur, et à tous les niveaux, et de l’autre, il m’est arrivé de me dire que je me retrouvais à la mauvaise place, celle d’un réalisateur vieillissant, mâle, hétéro et blanc, pas franchement l’incarnation du mouvement.”
E Leclerc conclude: “Alors voilà, j’ai voulu faire une comédie qui slalome joyeusement à travers un champ de mines. Ça peut sauter de partout et donc il faut essayer de courir le plus vite possible pour éviter les explosions. Je ne sais pas si j’y suis parvenu”.
Le titre « Le Mélange des genres » est déjà très significatif car le film se concentre sur deux personnages qui mélangent déjà les genres, bien qu’il s’agisse d’une œuvre chorale. Simone (Léa Drucker) est une policière qui, ce n’est pas un hasard, est mariée à son chef de commissariat et veut afficher son sexisme aussi bien dans sa profession qu’à la maison. Elle infiltre le mouvement « Les Hardies » qui défend les femmes victimes de violences. Elle soupçonne le groupe de complicité dans un meurtre commis avec violence. Paul (Benjamin Lavernhe) est un acteur de second ordre qui travaille comme figurant. Sa femme, en revanche, est une actrice très occupée. Donc l’homme s’occupe des enfants et est une personne très calme. Pour sauver sa couverture, Simone l’accuse de l’avoir violée, bien que sans s’en apercevoir, et à ce moment-là, Paul est choqué.
La comédie et Leclerc promettent de franchir les frontières des genres : roman policier, trahison, questions sociales, morale, avec quelques touches d’agression mais beaucoup de divertissement.
Ce sont les thèmes chauds et actuels qui inspirent le mieux les films de Leclerc, qui sait équilibrer les tons d’une comédie presque surannée, presque un aperçu du Hollywood des années 1950, et un portrait très coloré se dessine, sur fond d’un environnement tantôt pastel, tantôt piquant, tantôt floral. D’ailleurs, les fleurs sont monnaie courante dans le film : Charlotte, la femme de Paul, l’actrice reçoit un bouquet chaque soir après le spectacle, et c’est Paul qui s’en occupe et les remplace lorsqu’ils se dessèchent. A la fin du film, dans une belle séquence, Simone offrira des fleurs à Paul dans le décor de boutiques de fleurs qui se font miroir.
Voici ce que dit le réalisateur sur le titre et les intentions de son film: “Le mélange des genres qui donne ici son titre c’est vraiment un goût personnel. J’aime les changements de ton, j’aime le bordel, j’aime les virages, les rebondissements, les films qui parlent trop. Je crois que le mélange doit être au cœur des films comme il l’est dans la vie.”

Les Acteurs
Léa Drucker incarne Simone, l’inspectrice de police. Nous avons déjà eu l’occasion de parler d’elle dans d’autres critiques de films et nous ne nous répéterons pas. Il a une brillante carrière dans laquelle ses apparitions, notamment au théâtre, ne peuvent être répertoriées. Il semble qu’il ait accepté le rôle immédiatement, et qu’il l’ait utilisé avec éclats, angoisses et douceur. Ceci est confirmé par les déclarations de Leclerc: “j’ai été totalement à l’aise avec elle car je savais très bien qu’elle comprenait exactement ce que je voulais faire. Nos discussions ont surtout reposé sur des questions de curseurs, de sympathie et d’antipathie du personnage.” Plus les personnages ont de défauts, plus il les aime et s’imprègne de leurs palettes.
Benjamin Lavernhe est Paul. Nous avons déjà parlé de la carrière superlative de Lavernhe, notamment au théâtre et à la Comédie-Française mais non moins au cinéma. Même dans ce film, il travaille beaucoup sur le costume, sur la manipulation des traits, de la physicalité, il pourrait même faire des films muets vu sa capacité à interagir avec la mise en scène et les autres personnages. Lavernhe a beaucoup travaillé sur la modulation du personnage de Paul, la voix, la gestuelle. De plus, il met à profit son excellente expérience.
Musique
Vincent Delerme est de nombreux artistes, auteur-compositeur-interprète, arrangeur musical, auteur dramatique et photographe. Ce n’est pas la première fois que Leclerc travaille avec Delerme. Le directeur confirme: “c’est un grand plaisir, car j’adore ses compositions, il y a quelque chose qui fonctionne bien entre son univers et le mien.” Il chante également dans le film car la chanson “Doux” reflète le thème du film. Épeler.

“Le Mélange des genres”
Cast:
Léa Drucker : Simone – Benjamin Lavernhe : Paul Lemaire – Melha Bedia : Sofia – Vincent Elbaz : Jean-Jacques – Julia Piaton : Charlotte Landowski – Judith Chemla : Marianne – Joy Souque : Maia – Marguerite Dedeyan : Léa – Vincent Delerm : le pianiste
Fiche Technique
Scénario : Michel Leclerc et Baya Kasmi
Musique : Vincent Delerm
Décors : Anna Brun
Costumes : Elfie Carlier
Photographie : David Cailley
Son : Sandy Notarianni, Katia Boutin et Olivier Guillaume
Montage : Christel Dewynter
Production : Muriel Meynard
Société de production : Le Bureau
Société de distribution : Le Pacte